Identité Nationale - L’Église réformée écrit au président de la République

A la suite des voeux des synodes régionaux du mois de novembre 2009, le Conseil National de l’Église réformée de France des 12-13 décembre a décidé d’adresser une lettre au président de la République à partir des décisions synodales et des questions pratiques qui se posent aux Eglises.
Dernière modification écrite le mercredi 13 avril 2011 par Zoltan Zalay.

Le 21 décembre, la lettre signée du pasteur Marcel Manoël, président du Conseil National de l’ERF, a été envoyée au Président de la République, accompagnée d’un dossier présentant des résolutions récentes concernant les migrations :

Résolutions de l’Eglise Réformée, en 1998 ; en 2007 de la Conférence des Eglises des Pays Protestants Latins d’Europe (CEPPLE) avec l’Eglise protestante de Rhénanie (EkiR), l’Eglise évangélique de Grèce et l’Eglise des Frères Tchèques ; et en 2008 de l’Assemblée générale de la Cevaa/Communauté d’Eglises en mission.

 

Pour lire la lettre : cliquer ici


Extraits de la lettre du pasteur Marcel Manoël, président du Conseil National de l’Église réformée de France, au président de la République (21 décembre 2009) :

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L’Eglise réformée de France s’honore d’une vigilance constante sur la question des nationalismes et des droits de l’être humain, peut-être parce qu’elle conserve encore la mémoire historique du temps où les protestants étaient eux-mêmes sans droits en France, ou de celui où elle a dû s’engager dans des combats difficiles contre le racisme et l’antisémitisme. En 1960, par exemple, au moment de la montée de divers nationalismes violents, son Synode national déclarait notamment :

"Les nations sont un fait, une manifestation du jugement et de la grâce de Dieu. Dieu n’exige pas des hommes qu’ils forment dès maintenant une seule nation. L’amour de la nation, le patriotisme, est un sentiment dont le chrétien n’a pas plus à se défendre que de l’amour qu’il porte aux siens. Cet amour fait partie de sa reconnaissance envers Dieu pour les bienfaits que lui apporte son appartenance à une communauté nationale… Il y a, dans le nationalisme, de très graves périls pour le chrétien. Il tend à faire de la nation une idole… Sous ses formes violentes et persécutrices (racismes, antisémitisme), il va contre l’esprit de l’Evangile, et toujours il implique une méconnaissance de la loi d’amour donnée par Jésus- Christ. Il introduit enfin, dans la direction des affaires publiques, la démesure et l’orgueil, contre lesquels Dieu, par ses prophètes, a mis en garde les Gouvernements et les peuples. Tous les chrétiens ont le devoir d’être vigilants devant ces périls…"

Plus récemment, l’Eglise réformée de France a organisé un débat synodal sur le sujet "Etranger, étrangers". Elle voulait ainsi prendre en compte les tensions croissantes autour de l’accueil de l’étranger dans notre pays, avec le fait que "les difficultés économiques, la perte des repères de sens, les démantèlement du tissu social suscitent un sentiment de crise, de fragilité matérielle ou psychique, de déracinement et de "mal être", … " et que, "dans nos vies quotidiennes, ouverture et fermeture, exclusions et partages, haine et amour s’affrontent, provoquant blessures et souffrances.". Ce processus de débat entamé dans les églises locales a abouti, au Synode national de 1998, à une déclaration qui affirmait notamment les convictions suivantes :

"Nous avons besoin des étrangers pour nous exprimer et nous assumer dans notre identité de chrétiennes et de chrétiens : ils nous rappellent la part d’étranger qu’il y a en nous-mêmes et en Dieu.

Nous affirmons que les discours et attitudes racistes et xénophobes, qui diabolisent l’étranger et le rendent responsable de tous les maux et désordres, sont radicalement incompatibles avec l’ouverture et l’accueil que prône la foi chrétienne.

Nous rejetons l’idéal de la pureté parce qu’il nous asservit ; en revanche, nous considérons comme enrichissant le métissage de nos identités, la diversité de nos racines, de nos communautés et de nos nations."

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Dans cette ligne, plusieurs synodes régionaux ont appelé à s’engager dans le grand débat sur l’identité nationale pour y dire tout à la fois nos convictions de foi et notre attachement aux valeurs humanistes et universalistes de la République – notamment celles qui sont proclamées par sa devise "Liberté, Egalité, Fraternité" – et aux principes affirmés par la Déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948. Les Synodes ont particulièrement insisté sur :

- la conviction que l’identité humaine ne dépend pas fondamentalement de l’appartenance à un peuple mais d’un appel reçu, d’une reconnaissance les uns des autres et d’une vocation à construire l’avenir,

- l’égalité de droits entre tous ceux qui vivent dans un espace commun, et la dignité de tout être humain

- la nécessité d’un projet commun d’accueil de l’autre et en particulier de l’étranger, du sans-droit et du plus faible.

Mais ils ont tenu aussi à dénoncer les modalités et la précipitation avec lesquelles ce grand débat a été lancé, et le climat dans lequel il se déroule, où l’on entretient un climat de suspicion envers l’étranger, et parfois des amalgames inacceptables entre immigration, violence et criminalité… 

(etc...)

Pour lire la lettre : cliquer ici


Lire aussi : Quelles sont les racines de la France et des français ? (4 avril 2011)


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