Noël, un cadeau entre Dieu et l’Homme

A propos de Mt 13 44-46.

Dernière modification écrite le lundi 14 janvier 2008 par Nirina Rakotoarivony.


« Le royaume des cieux est encore semblable à un trésor caché dans un champ. L’homme qui l’a trouvé le cache de nouveau ; et, dans sa joie, il va vendre tout ce qu’il a et achète ce champ ».

Trésor caché est déjà une notion qui mérite toute notre attention dans un monde comme le nôtre où, plus précisément à cette époque de l’année, une quantité foisonnante et encombrante de « trésors » est exhibée en vitrine à notre regard, attisant notre convoitise.

C’est d’ailleurs probablement parce que nos trésors ont cessé d’être cachés, ont cessé d’être enfouis, que la violente consommation effrénée jusqu’au gaspillage, qui caractérise notre société, n’a rien à voir avec la folie de l’homme de cette première parabole qui vend tout pour acheter le champ qui contient son trésor (avec peut-être le risque que le trésor n’y soit plus).

Épuiser sa vie à courir d’objet en objet, de promesse de bonheur en promesse de bonheur, et du coup, bien souvent, de déception en déception est une folie qui n’a rien de comparable avec celle de celui qui donne tout pour ce qui devient le coeur, le centre, d’une existence qui a basculé par l’inouï d’une trouvaille sans commune mesure.

On peut éclairer encore cette différence fondamentale au moyen d’une anecdote : Par l’histoire de ce gamin de riche, gâté pourri comme on dit, qui un jour semble avoir disparu. Ses parents le cherchent, font le tour de l’ensemble de ses jouets pour voir s’il n’y est pas. Finalement, par hasard, ils le trouvent assis dans la cave en train de jouer à faire passer un oignon par le trou d’un panier percé.

Épuisé et insatisfait par tous ses jouets qui l’étouffent et qui ne suscitent qu’un désir pauvre et provisoire, cet enfant s’est donc mis à quitter le monde de « l’offre et de la demande » où, d’une certaine manière, il était tenu prisonnier en liberté surveillée. Au lieu d’en demander plus en vain, il en est sorti. Ces parents ne l’ont pas trouvé parce qu’à penser que son bonheur était de le combler, ils ont méconnu que le coeur de l’humain est un lieu intime et caché (être assis dans une cave), et que ce qui fait vivre n’est pas d’être comblé, rassasié, mais au contraire soutenu dans le manque et le désir (faire passer un oignon dans un panier percé). Ainsi, de la même manière, ce qui caractérise l’homme de cette parabole de Matthieu, c’est qu’il organise sa vie autour de la trouvaille et non de la possession, qu’ainsi le trésor n’a pas de valeur en soi mais qu’il a cette valeur inouïe de l’ouvrir, de le faire vivre, de le mettre en mouvement, de le re-susciter.

Venons-en à la seconde parabole :

« Le royaume des cieux est encore semblable à un marchand de belles perles. Ayant trouvé une perle de grand prix, il est allé vendre tout ce qu’il avait, et l’a achetée ».

Cette parabole nous parle d’avantage du Dieu de Jésus Christ. En effet, ce Dieu est celui qui prétend avoir trouvé en nous une perle de grand prix (« Dieu a tellement aimé le monde, qu’il a donné son fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle » Jean 3. 16).

Nous sommes chacun une perle de grand prix, non pas en nous-même, mais parce qu’aux yeux de Dieu nous avons un tel prix. En se donnant à connaître, a rencontrer, à reconnaître dans un enfant naît sur la paille de l’étable et dans la mort misérable d’un condamné, Dieu se dépouille de sa puissance : il vend et se dépouille de tout ce qu’il a, de tout ce qu’il est. Pour notre rachat comme perle de prix, Dieu se présente donc à nous dans le risque, dans la faiblesse, dans la parole de confiance, par cette simple justification amoureuse : « tu es mon trésor ».

Si nous reprenons notre première parabole à la lumière de celle-ci, nous comprenons que trouver un trésor caché, c’est reconnaître un peu par hasard cette parole inouïe, inattendue au coeur du quotidien, d’un Dieu désirant qui se donne dans la foi. C’est trouver le trésor d’une parole extérieure qui résonne pourtant au plus intime de nous même.

Vivre de ce trésor, c’est avoir toujours le souci de ne pas oublier cette découverte, de la garder comme centre, comme coeur de sa vie. Ainsi, le coeur de sa vie n’est pas un lieu que l’on cherche à remplir avec des trésors qui étouffent, mais un lieu vide où la mort a été vaincu (comme le tombeau de Pâques). Lieu vide qui résonne encore et toujours du miracle d’une parole, d’une rencontre, d’une trouvaille qui a eu lieu et qui crée un désir qui met en marche.

Pasteur Thibaut Delaruelle


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