Sac et Cendres pour la Semaine Sainte

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Sac et Cendres pour la Semaine Sainte ?.
Par Quentin Braddock.

Dernière modification écrite le samedi 11 avril 2009

Quel serait le bon ton réformé à adopter dans cette approche de Pâques ? Refusant d’emboîter le pas de l’abstinence et de la pénitence catholiques, nous leur préférons plutôt la tradition, plutôt récente, initiée en 1928 par le pasteur Marc Boegner à Passy, et vite relayée par la radio, d’une série de prédications sur un sujet d’actualité, « la Carême protestante ».

Ainsi, comme en témoigne la rubrique « Evénements » du site de la Région, cette période se prête particulièrement à des conférences. Ainsi vécu, le carême nous oriente vers la réflexion, et non vers la spiritualité. Il nous oriente vers la salle de conférences, plutôt que vers le Temple.

Avec le dimanche des Rameaux cela change : culte festif en milieu rural, avec les souvenirs de l’époque où l’on profitait de l’affluence des gens venus admirer les bœufs de Pâques, attelés devant le café en face du Temple et attendant patiemment leur sort. Aujourd’hui, culte parents-enfants, avec le sujet d’une saynète toute faite, feuillage à l’appui, ou prédication, dans le sillage des maîtres du soupçon pour lesquels rien ne se vit au premier degré, et qui pointe l’ambiguïté de ces « Hosannas » lancés par la foule si vite transformés en « Crucifie-le ».

Mais tout cela nous prépare mal pour la Semaine Sainte qui suit et qui, malgré tout, garde une importance certaine pour nous. Quelle couleur donner aux cultes du jeudi ou vendredi ? Quel langage commun utiliser pour ces jours qui sortent du commun ? Comment s’y prendre pour différencier ces moments de la semaine du culte du dimanche ou pour trouver les mots justes pour fédérer notre regard et nos pensées autour de la chambre haute et de Golgotha ? Comment déroger à notre habitude de prôner la croix vide du ressuscité pour nous tenir dans la contemplation de celle où pend le crucifié ?

Et cette incertitude se manifeste dans la conduite des cultes ; On ne peut ni se satisfaire d’une voix d’enterrement qui confond l’absence de modulation avec la solennité et l’intériorité, ni basculer dans un sentimentalisme empathique qui tressaillit à chaque coup du marteau.

C’est là que je me rends compte de ma propre pauvreté, de la minceur de mon humanité, du manque de subtilité dans la palette de mon expression. Je ne sais pas trop bien comment me tenir devant la croix. Est-ce un soulagement de se trouver en compagnie des disciples qui, eux, ne savaient pas non plus où se mettre, et se réfugiaient dans des rivalités infantiles après la cène ou s’éclipsaient lors de la crucifixion ? En tout cas, je veux prendre du temps pour me remémorer ce passage obscur, quand le soleil se voile, sans être satisfait pour autant de ce qui pourrait être apporté par ma personne ou par mon église. Ce sera une façon réformée de vivre le sac et les cendres.


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