96 - Echo’s de SIBIU 2007 (1)

Dernière modification écrite le jeudi 11 mars 2010

« L’assemblée de Sibiu commence demain ! »

C’est avec ces mots que le Métropolite grec Gennadios de Sassima a conclu le 3ème Rassemblement œcuménique européen (ROE3) qui s’est tenu à Sibiu, en Transylvanie roumaine, du 4 au 9 septembre. Les travaux des 1.500 délégués des Églises d’Europe vont donc maintenant produire du fruit... c’est demain qui arrive !

Le choix de Sibiu pour la tenue de ce ROE3, après Bâle la protestante en 1989 et Graz la catholique en 1997, a pu surprendre, surtout lors des 8 heures de bus nécessaires pour parcourir les 300 kilomètres depuis Bucharest. « Pourquoi donc avoir organisé cette rencontre ici, avec des conditions si difficiles ? »

Une ville symbolique

Les raisons de ce choix sont multiples. La Roumanie est un pays à majorité orthodoxe - « l’autre poumon de l’Europe » selon les mots de Jean-Paul II en 1989 - mais Sibiu, fondée par les Saxons au Moyen-Âge, offre l’un des seuls exemples de Roumanie de cohabitation chrétienne : luthériens « allemands », réformés « hongrois », orthodoxes roumains, catholiques latins et grecs y vivent depuis des siècles. Par ailleurs, le thème de ce ROE3 étant consacré à la lumière du Christ et à l’Europe, il était significatif d’organiser cette assemblée dans un pays qui vient d’entrer dans l’Union européenne et dans une des deux villes élues « capitales européennes de la culture » pour l’année 2007.

Remaniement de l’œcuménisme

Les premiers jours de l’assemblée laissaient planer un doute parmi les participants : est-ce qu’on allait pouvoir déboucher sur quelque chose ? Les orateurs se succédant au micro laissaient entendre les difficultés actuelles de l’œcuménisme, revenaient sur ce qui divisent encore les Églises et ne semblaient pas offrir beaucoup d’espérance pour un continent de plus en plus sécularisé.

Pour ma part, le basculement de cette impression négative à des voix plus positives s’est produit avec trois discours qui ont ouvert les portes du débat et de l’espoir pour la suite. Premier, le cardinal Kasper, du Conseil pontifical pour la promotion de l’Unité des chrétiens, qui a reconnu que le texte publié cet été par la congrégation pour la doctrine de la foi avait blessé nombre de ses « frères protestants » et que lui-même en avait été blessé : « vos douleurs et vos blessures sont aussi les miennes ! » Dans la foulée, le discours de José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, affirmant avec force la volonté des institutions européennes d’entrer en dialogue avec les Églises, a provoqué une réaction : nous avons encore quelque chose à dire, même dans une Europe sécularisée ! Enfin, l’appel d’Andrea Riccardi de la communauté de Sant’ Egidio à construire une Europe ouverte et tournée vers les autres, débarrassée de la peur et du replis sur soi, donnait un contenu à cette parole des Églises en Europe.

La poussée de la base

Au-delà de ces discours, c’est l’assemblée elle-même qui a fait basculé les débats. Dans un programme verrouillé, les délégués ont commencé à faire entendre leur voix dans une séance plénière qui ne prévoyait pas de temps d’échange avec les orateurs... Et ce sont les centaines d’interventions orales et écrites après la présentation du message final dans sa première version qui ont donné un peu plus de tonus au texte. Celui-ci, adopté le dernier jour, souligne la qualité de l’apport des jeunes délégués qui avaient rédigé une déclaration commune en juillet. Au-delà des déclarations doctrinales et théologiques qui soulignent les difficultés, les différences et les blocages, Jean-Arnold de Clermont, président de la Conférence des Églises européennes (KEK) tirait les conclusions de cette assemblée en déclarant que « c’est la base de nos Églises qui fait avancer l’œcuménisme, les théologiens et les dirigeants suivront. »

La rencontre de Sibiu est passée, c’est donc à nous d’en produire les fruits, maintenant !

Gérald Machabert, Audincourt Service de communication du ROE3


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