Prédication - Dieu est-il écolo ?

Prédication proposée par le pasteur Robin sautter, pasqteur dans l’Artois.
Dernière modification écrite le mercredi 3 septembre 2008

Genèse 1,26-31 Lévitique 25,1-7

Il faut arrêter le robinet quand on se lave les dents Il vaut mieux prendre une douche qu’un bain Il faut acheter des voitures propres Il faut manger bio Il ne faut pas trop chauffer sa maison Il faut acheter les produits qui présentent le moins d’emballages IL faut il faut....

Que se passe-t-il ? La morale écologique aurait-t-elle remplacé la morale religieuse ? L’écologie semble devenir la religion du future (combien de gourous médiatiques prêchent aujourd’hui la bonne parole du respect de la planète). Oui l’écologie flirte dangeureusement avec les vieilles mythologie naïve de terre-mère, de la déesse Gaïa. A moins que, à moins que Dieu lui-même ne soit devenu écolo.

Dieu le premier écolo, pourquoi pas ? C’est en tout cas la question que nous allons nous poser ce matin.En effet, ce dimanche le « réseau écologique chrétien et européen », émanation du COE, nous propose de travailler au respect de la création. Cette année pour la première fois en France, le thème de la création est abordée en ce moment même dans les chair de nombreux temples réformés.

I. Respect de la création

Quand on cherche dans la Bible quelque chose qui pourrait justifier une attitude écologique, on se tourne immédiatement vers le récit de la création. C’est logique me direz-vous, puisque respect de la planète et respect de la création sont parfaitement synonyme.

Adam, qui est le nom commun en hébreu pour désigner l’être humain, l’humanité, a une responsabilité sur la création, sur le jardin puisque Dieu lui donne autorité sur tous les animaux de ce jardin, puisqu’il lui-demande d’en prendre soin.

C’est une belle image que l’on reprend souvent. Elle est poétique et pleine de sagesse... Bref c’est une histoire qui en générale est très souvent racontée à l’école biblique et permet, assez facilement de transmettre une certaine éthique vis à vis de la création.

De manière générale, dans le christianisme, nous aimons beaucoup les grands mythes fondateurs de la genèse : le jardin d’Eden, la tour de Babel, le déluge... Nous aimons bien ces grands mythes parce qu’il nous rejoignent dans notre existences, parce qu’ils sont réalistes quand aux épreuves que nous enduront :
-   la difficile condition de paysans est expliquée par le péché originel et la sortie du jardin.
-   la diversité des nations et de leurs langues est expliquée par la tour de Babel
-   les conflits intra-familiaux sont abordés à travers l’histoire de caïn et Abel...

Ce livre tente d’expliquer pourquoi nous vivons tel ou tel événement, il aide surtout à relativiser vis à vis de tels ou tels problèmes qui ont finalement toujours existés.

Mais finalement il nous dit très peu de choses sur le projet de Dieu pour l’homme, il nous dit peu de choses sur la manière avec laquelle veut nous aider à vivre. Pour revenir à notre thème de l’écologie, Dieu nous dit avec l’histoire de la création que l’homme est responsable de cette création mais il n’en dit pas plus, il ne dit pas comment il nous aide à gérer cette création, il ne nous dite pas comment notre existence particulière, limitée dans le temps peut se conjuguer avec le respect de la création toute entière.

Pour le dire autrement, comment à mon niveau puis-je m’engager pour la création et surtout, quel est la place de Dieu et de ma spiritualité dans cet engagement.

II. Respect de la vie

Pour répondre à cette question, nous nous tournons vers le deuxième texte, celui du lévitique. Bon, le lévitique, je vous l’accorde, il faut vraiment avoir envie de le lire ce livre : une série de recommandations pratiques sur les sacrifices, des lois interminables et absolument inapplicables sur la pureté ou sur la sainteté. Bref, on se demande pourquoi il est encore dans la Bible...

Sauf que. Sauf que, dans le judaïsme, où ces lois ne sont pas non plus, pour la plupart, appliquées telles qu’elles, on commence à enseigner aux enfants non pas la genèse mais le lévitique. Pourquoi ? Non pas pour apprendre par cœur une liste interminable de commandemments mais pour apprendre l’esprit de cette loi : c’est à dire la recherche de la sainteté et la prise de conscience de la valeur inestimable de la vie.

18,5 « vous observerez mes prescriptions et mes règles : celui qui les mettra en pratique vivra par elles »

En passant de la Genèse au Lévitique, nous passons d’une loi pour la création à une loi pour la vie. Nous passons du respect de la création au respect de la vie de manière générale.

J’en arrive donc au texte de lévitique 25 qui sera au cœur de ma prédication : (Lire Lv25)

Pas un reglement applicable à la lettre. (je pense à mon imprimante qui a voulu se reposer ce matin en revendiquant le repos du 7ième jour..) Ce qui est important, c’est de garder le principe de cette loi : « tous les sept ans, on s’arrête et on partage ». Dans ce texte, le respect de la vie se manifeste à tous les niveaux :
-   respect de la terre parce qu’elle doit se reposer
-   respect de soi-même car nous avons besoin de prendre du temps pour nous, pour réflechir au sens de notre vie quotidienne
-   respect de Dieu car nous nous souvenons que c’est lui qui est à l’origine de ce raisin, de cette nourriture, de nos richesses
-   et respect du prochain, du pauvre et de l’étranger puisqu’il y a partage de la récolte

Pour terminer je dirai donc que la bible ne parle donc pas d’écologie, terme qui n’existait évidemment pas à l’époque, mais plutôt de « respect de la vie ». Le respect de la création s’inscrit dans un cadre beaucoup plus global, celui du commandement d’amour résumé par Jésus-Christ.

Cette notion de respect de la vie fut la grande découverte d’Albert Schweitzer : Pour lui, il ne faut pas respecter la nature par soumission à celle-ci ou à notre condition humaine mais en respectant notre planète nous faisons un geste d’amour vis à vis de notre prochain, de nous même, de Dieu, et surtout de notre descendance.

Aujourd’hui nous savons que nous sommes parfaitement capable de détruire définitivement la vie sur terre que ce soit par une guerre violente ou par une pollution progressive de notre planète. Alors PAUSE. « On s’arrête et on partage ». Alors PAUSE, on arrête de se développer à tout prix et, avec le lévitique notamment, prenons le temps d’aimer notre prochain, de rechercher Dieu et le sens de notre vie sur cette planète belle et fragile. Que le Dieu de Jésus-Christ nous soit en aide,

AMEN

Robin Sautter, Arras


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