L’Evangile du dimanche 21 octobre 2007

Dernière modification écrite le vendredi 4 avril 2008

Luc 18/1-8

1. Jésus leur adressa une parabole, pour montrer qu’il faut toujours prier, et ne point se relâcher. 2 Il dit : Il y avait dans une ville un juge qui ne craignait point Dieu et qui n’avait d’égard pour personne. 3 Il y avait aussi dans cette ville une veuve qui venait lui dire : Fais-moi justice de ma partie adverse. 4 Pendant longtemps il refusa. Mais ensuite il dit en lui-même : Quoique je ne craigne point Dieu et que je n’aie d’égard pour personne, 5 néanmoins, parce que cette veuve m’importune, je lui ferai justice, afin qu’elle ne vienne pas sans cesse me rompre la tête. 6 Le Seigneur ajouta : Entendez ce que dit le juge inique. 7 Et Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus, qui crient à lui jour et nuit, et tardera-t-il à leur égard ? 8 Je vous le dis, il leur fera promptement justice. Mais, quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ?

Ce texte pose un difficile problème. Ici, c’est la non-concordance entre le préambule (v. 1) : c’est une parabole pour nous faire savoir "qu’on doit prier sans se lasser", et la conclusion qui semble affirmer que "si Dieu va bientôt entendre la prière de la veuve-Eglise, il ne s’attend cependant pas à trouver (assez) de foi sur la terre" (v. 7-8).

C’est d’autant plus curieux que la parabole elle-même est à la fois délicieuse et parfaitement claire, sauf que le titre dont on l’affuble est erroné. Ce n’est pas "le juge inique" (sic !), mais "La veuve casse-pieds". Il y a deux personnages : · un invulnérable a) il est juge, il a le droit pour lui, il est même le droit ; b) il ne craint ni Dieu ni homme (ni diable) (v. 2). On ne peut rien contre lui... pas même Dieu ; · et de l’autre côté, la fragilité incarnée : une femme et une veuve qui, elle, n’a personne pour la défendre et dont la cause est déjà perdue contre son adversaire (v. 3).

Combat perdu d’avance ! Problème réglé !

Pas si vite ! Car la fragile veuve a une arme (imparable) : son opiniâtreté, et le juge bétonné a une faille : sa tranquillité.

Et la femme chaque jour revient à la charge, elle vient le... boxer (v. 5c, littéralement "lui mettre les yeux au beurre noir") ; au bout d’un moment, à chaque fois qu’il l’aperçoit, il prend un direct en pleine figure.

La faible veuve, en fait, par sa seule présence, lui colle une raclée. Alors tout païen et méprisant qu’il soit, il en a plein le dos (plein la vue) et il cède devant la faiblesse incarnée. C’est la veuve qui a gagné... à force d’importunité.

La leçon (mauvais mot) est facile : "Si un juge sans cœur finit par écouter la prière d’une faible veuve, à plus forte raison le Père écoutera-t-il son Eglise".

Oui ! Mais ce n’est pas exactement ce que disent les versets 7-8. Prenez par exemple la traduction littérale du Nouveau Testamen.Voilà ce que ça donne :

"Et Dieu ne ferait pas vengeance pour ( ?) ses élus qui crient à lui jour et nuit, alors qu’il patiente sur ( ?) eux ?". Certes, le verbe "patienter", en évoquant l’hébreu, peut signifier "avoir un grand cœur, une grande miséricorde", ce qui simplifierait le texte que nous reprenons : "Je vous déclare (v. 8) qu’il leur fera vengeance et vite" (ceci est clair, mais la suite fait de nouveau problème) : "Cependant ( ?) le Fils de l’homme en venant trouvera-t-il la foi sur la terre ? ". Or, ceci est écrit au plus tard vers 75, moment de la grande expansion de la foi chrétienne !

D’après : A. Maillot, « ...Des serviteurs inutiles ! » Mission intérieure de l’Eglise évangélique luthérienne à Paris, 1994.


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