L’Evangile du dimanche 14 octobre 2007

Dernière modification écrite le vendredi 4 avril 2008

Luc 17/11-19

Jésus, se rendant à Jérusalem, passait entre la Samarie et la Galilée. Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Se tenant à distance, ils élevèrent la voix, et dirent : Jésus, maître, aie pitié de nous ! Dès qu’il les eut vus, il leur dit : Allez vous montrer aux sacrificateurs. Et, pendant qu’ils y allaient, il arriva qu’ils furent guéris. L’un deux, se voyant guéri, revint sur ses pas, glorifiant Dieu à haute voix. Il tomba sur sa face aux pieds de Jésus, et lui rendit grâces. C’était un Samaritain. Jésus, prenant la parole, dit : Les dix n’ont-ils pas été guéris ? Et les neuf autres, où sont-ils ? Ne s’est-il trouvé que cet étranger pour revenir et donner gloire à Dieu ? Puis il lui dit : Lève-toi, va ; ta foi t’a sauvé.

Les dix lépreux : Pasteur André Cornette

1. Avec raison les prédicateurs insistent souvent sur la nécessaire reconnaissance que l’on doit au Seigneur qui nous fait du bien. Ils opposent volontiers le Samaritain qui remercie aux 9 juifs ingrats. Ils ont raison sur le fond : c’est vrai que nous ne savons pas « compter les bienfaits de Dieu », mais cet aspect du texte est tout à fait secondaire. Le mot remercier ne se trouve pas dans le texte pas plus que le mot ingrat ne qualifie les « neuf autres ».

2. Pour nous la lèpre est une maladie comme les autres, parfaitement guérissable si elle prise à temps. Pour la Bible c’est diffèrent. La lèpre est une maladie à part image du péché, elle est péché par excellence. Le lépreux est impur, il doit vivre en paria, hors du camp. Les prêtres sont les seuls habilités à formuler le diagnostic de la lèpre, à déclarer un malade pur ou impur (Lévitique 13). De même ils peuvent en cas de guérison délivrer un certificat permettant au malade de reprendre sa place dans la société (rituel de la purification de la lèpre : Lev. 14). Pour la Bible on guérit d’une maladie mais on est purifié de la lèpre. Aux apôtres Jésus dit : « Guérissez les malades, purifiez les lépreux » et dans sa réponse à Jean Baptiste : « les aveugles voient, les boiteux marchent, les sourds entendent, les lépreux sont purifiés » (Lc 7/22). 3. « Les neuf autres » où sont-ils ? Ces paroles de Jésus surprennent car les neuf ont obéi à Jésus. On pourrait répondre à Jésus : « ils sont à Jérusalem, ils se montrent aux prêtres, ils vont reprendre leur vie dans la société, ils font ce sue tu leur as dit de faire. Ils ont cru à ta parole, ils ont cru sans voir car ce n’est qu’en chemin vers le Temple qu’ils ont été purifiés. C’est sur ta parole qu’ils se sont mis en route ». 4. On arguera que le Samaritain, n’étant pas juif n’avait pas à se présenter aux prêtres. C’est une erreur, car les prêtres samaritains qui logeaient sur les pentes du mont Garizim étaient, comme ceux de Jérusalem, habilités à donner le certificat de guérison. Il est probable que pour Luc, le Samaritain purifié ne désobéit à Jésus qu’en apparence. Il se tourne vers Jésus qui est le Vrai Prêtre, il vient vers le Vrai Temple (cf. Jean 4/19-24). Il est l’image de tous ceux que se convertiront (se tourneront) vers Jésus le seul qui purifie de tout péché (cf. 1 Jean 1/7-9). 5. C’était un Samaritain. Luc (comme Jean) s’intéresse beaucoup aux Samaritains. C’est lui qui raconte l’histoire du bon Samaritain, lui aussi qui mentionne le refus des samaritains de recevoir Jésus (Luc 9/51-56), lui aussi rapporte le présent récit. Pour les Juifs les Samaritains étaient des schismatiques mais pour les Samaritains c’étaient les Juifs qui étaient schismatiques, l’adoration sur le Garizim étant bien plus ancienne que l’adoration à Jérusalem. N’oublions pas que Luc est aussi l’auteur du livre des Actes. Or la Samarie est une étape dans la marche de l’Evangile vers le monde païen. Les apôtres doivent être témoins « à Jérusalem, dans la Judée et jusqu’aux extrémités de la terre » (Actes 1/8). C’est le diacre Philippe qu’évangélise la Samarie (Actes 8). Le Samaritain de notre texte est qualifié d’étranger par Jésus. Luc, compagnon de Paul, voit en lui l’image des non juifs se tournant vers Jésus, comme il a vu en Naaman le païen lépreux purifié l’image des étrangers purifiés par le Seigneur (Luc 4/27). 6. Par deux fois il est dit que le Samaritain rend gloire à Jésus, et il le fait à pleine voix. Il est aussi dit qu’il rend grâces à Jésus. Ces expressions ont dans l’œuvre de Luc un accent liturgique marqué, une résonance cultuelle. Nous avons ici un écho des joyeuses assemblées des églises pauliniennes bien connues de Luc. Tout l’Evangile retentit de ces chants de louange, depuis les bergers de Bethléem (2/26) jusqu’au dernier verset de l’Evangile (24/52-53). Malgré toutes les imperfections il faut reconnaître que le « renouveau » dit charismatique a rendu ce caractère joyeux au culte chrétien, la louange y tenant une place de choix. 7. Le dernier verset de notre texte est aussi très important. On notera que le premier mot « Lève-toi » est souvent employé dans le Nouveau Testament pour désigner la Résurrection. Jésus s’étant levé d’entre les morts. Inutile d’insister su l’importance de l’expression « ta foi t’a sauvé » qui est une expression paulinienne si chère aux protestants. N’oublions pas le petit mot « va » traduit au verset 11 par se mettre en route. Pour Luc le chrétien est un homme qui est en route. Il note dans le livre des Actes que les chrétiens s’appelaient « ceux du chemin » (Actes 9/2, 19/9 et 23, 22/4, 24/14-22). Au bout du chemin il y a l’avènement du Seignur. Sommes-nous des hommes du chemin ?


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