L’Evangile du dimanche 26 août 2007

Dernière modification écrite le vendredi 4 avril 2008

Luc 13/22-30

Jésus traversait les villes et les villages, et il enseignait en faisant route vers Jérusalem. Quelqu’un lui dit : Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ? Il leur répondit : Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite. Car, je vous le dis, beaucoup chercheront à entrer et n’en seront pas capables. Quand le maître de maison se sera levé et aura fermé la porte, et que, restés dehors, vous commencerez à frapper à la porte et à dire : Seigneur ! ouvre-nous ! il vous répondra : Je ne sais pas d’où vous êtes. Alors vous commencerez à dire : Nous avons mangé et bu devant toi, et tu as enseigné dans nos rues. Et il vous répondra en disant : Je ne sais pas d’où vous êtes ; éloignez-vous de moi, vous tous, qui commettez l’injustice. Il y aura là des pleurs et des grincements de dents, quand vous verrez Abraham, Isaac, Jacob et tous les prophètes dans le royaume de Dieu, et que vous serez jetés dehors. Il en viendra de l’orient et de l’occident, du nord et du midi ; et ils se mettront à table dans le royaume de Dieu. Et voici : il y a des derniers qui seront premiers et des premiers qui seront derniers.

La route de Jésus vers la croix est commencée. Et cette route... croise celle d’un homme, sans doute inquiet pour lui et peut-être inquiet pour d’autres, qui pose la question que tout ministre de l’Evangile a maintes fois entendue : "Seigneur, les sauvés seront-ils peu nombreux ?". Nul doute qu’il y ait la une citation « catéchétique » entendu et réentendu ; au regard de toutes les exigences de la Loi, il ne peut y avoir que peu d’hommes sauvés, et qui auront une place dans le Royaume.

En méditant en suite nous pouvons remarquer d’une part le caractère impersonnel de la question de cet homme (ce n’est pas : "Serais-je sauvé, moi ?"), et de l’autre le caractère eschatologique de sa question ; le salut, pour lui, c’est une réalité à venir. Cela concerne le futur (ce n’est pas : "Suis-je sauvé ?").

Pourquoi donc ce caractère ? Peut-être, parce que pour cet homme, la chance du salut consiste dans la possibilité qui lui serait faite de se glisser dans une masse importante de sauvés. Si Dieu prend en bloc les "sauvés", alors il a sa chance et la possibilité de se glisser dans le Royaume, incognito ; mais on sent très bien dans sa question, que cela ne lui paraît guère possible, car Dieu, en bon justicier qu’il est (aux yeux de cet homme), doit soigneusement trier ceux qu’il laissera entrer. Il lui semble en revanche que, si Dieu prend les sauvés un à un, il lui sera alors impossible d’entrer incognito ou par effraction ; surtout d’après ce qu’on lui a enseigné, il devra rester "sur le carreau". Il n’a pas deviné que précisément sa chance est que le salut est une question individuelle et personnelle. Peut-être aussi peut-on deviner un reproche : "C’est vrai, il y aura peu de sauvés, mais comment est-ce compatible avec ce Dieu que la Torah nous présente souvent comme miséricordieux ? Certes, si on regarde aux hommes, il ne peut y avoir que peu de sauvés, mais si on regarde à Dieu... n’y aurait-il pas une petite chance ?".

Mais, si on mentionne encore le caractère eschatologique (du salut) ? Pour cet homme, comme pour beaucoup de Juifs, le salut, c’est... seulement à la fin des temps, à un point tel qu’en fait, ce salut, à part une nostalgie fatiguée et mêlée à une crainte vague, n’a aucune vraie dynamique présente. C’est un problème dont on débat avec plus ou moins de conviction, mais pas une vérité actuelle, bouleversante. C’est une abstraction réfugiée, rejetée, confinée dans un avenir inaccessible. En fait, ce n’est pas une vérité vivante.

Et c’est là que Jésus (Luc a admirablement et constamment relevé cela chez Jésus) va montrer que la question n’est pas de savoir s’il y aura beaucoup ou peu de sauvés, mais c’est d’entrer dans ce salut maintenant au lieu d’en discuter. Claque alors la réponse : "(Au lieu de me poser des questions... désengagées) battez-vous, combattez (jusqu’à l’agonie, on retrouve Hébreux 12) pour entrer maintenant. Le salut, ce n’est pas un "problème" futur (et tellement futur qu’il en est devenu irréel), c’est que "tu luttes (au sang) aujourd’hui pour y entrer". Vite !

La suite montre que ceux qui pensent que Dieu les attend, parce qu’il devrait les recevoir, risquent d’avoir de désagréables surprises... Ils ne pourront plus entrer (v. 24). N’ayant pas vécu dès maintenant ce salut, ils se sont disqualifiés pour le vivre demain. Alors dépêchons-nous !

D’après : Alphonse MAILLOT : Qui est mon prochain ? Paris, 1992.


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