L’Evangile du dimanche 12 août 2007

Dernière modification écrite le vendredi 4 avril 2008

Luc 12, 32-48

Sois sans crainte, petit troupeau ; car votre Père a trouvé bon de vous donner le royaume. Vendez ce que vous possédez, et donnez-le en aumône. Faites-vous des bourses qui ne s’usent pas, un trésor inépuisable dans les cieux, où il n’y a pas de voleur qui approche, ni de mite qui détruise. Car là où est votre trésor, là aussi sera votre coeur. Mettez une ceinture à vos reins, et que vos lampes soient allumées. Et vous, soyez semblables à des hommes qui attendent que leur maître revienne des noces, afin de lui ouvrir aussitôt qu’il arrivera et frappera. Heureux ces serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera veillant. En vérité, je vous le dis, il se ceindra, les fera mettre à table et s’approchera pour les servir. Qu’il arrive à la deuxième ou à la troisième veille et les trouve ainsi, heureux sont-ils ! Sachez-le bien, si le maître de la maison savait à quelle heure le voleur doit venir, il veillerait et ne laisserait pas percer sa maison. Vous aussi, tenez-vous prêts, car le Fils de l’homme viendra à l’heure où vous n’y penserez pas. Pierre lui dit : Seigneur, est-ce à nous que tu adresses cette parabole, ou à tous ? Et le Seigneur dit : Quel est donc l’intendant fidèle et prudent que le maître établira sur ses gens de service pour leur donner leur ration de blé au moment convenable ? Heureux ce serviteur, que son maître, à son arrivée, trouvera occupé de la sorte ! Je vous le dis en vérité, il l’établira sur tous ses biens. Mais, si ce serviteur se dit en lui-même : Mon maître tarde à venir, s’il se met à battre les serviteurs et les servantes, à manger, à boire et à s’enivrer, le maître de ce serviteur viendra le jour où il ne s’y attend pas et à l’heure qu’il ne connaît pas, il le mettra en pièces et lui fera partager le sort des infidèles. Le serviteur qui aura connu la volonté de son maître, qui n’aura rien préparé et n’aura pas agi selon sa volonté, sera battu d’un grand nombre de coups. En revanche, celui qui ne l’aura pas connue et aura commis des actes dignes de châtiments, sera battu de peu de coups. On demandera beaucoup à qui l’on a beaucoup donné et on exigera davantage de celui à qui l’on a beaucoup confié.

Si le disciple est libéré de ses chaînes, c’est pour une fin déterminée. Il est délivré des soucis du monde présent qui pourraient encore le lier, pour marcher désormais dans la liberté de son Maître. La tenue traditionnelle, le jour de la Pâque (Ex. 12, 11) : les reins ceints, les lampes allumées et le repas pris « en toute hâte », devient une image de l’attitude des disciples parmi les hommes. Ils n’habitent plus près des pots de viande d’Egypte, mais ils sont libres, prêts à partir, ils vivent en pré­sence de ce monde qui passe, possédant sans posséder. L’Eglise s’avance vers un jour où chacun de ses membres n’aura d’autre désir que d’avoir bien utilisé ce temps de pré­paration. Vis-à-vis de son Seigneur, elle est dans la situation de l’ouvrier dont le patron est parti prendre part à une fête. (C’est ainsi que les disciples doivent comprendre le départ de Jésus). Le Seigneur désire trouver, à son retour, une maison éclairée, des serviteurs en éveil, prêts à l’accueillir. S’il rentre alors - ici la plénitude de la promesse brise le cadre de l’image (V. 37) - il servira lui-même, comme un esclave, ses ouvriers comme il fit lors du lavement des pieds (Jean 13). Et voici un troisième tableau : l’Eglise est comparée à un maître de maison prévenu de l’agression prochaine d’une bande de voleurs. Ressemblera-t-elle à ce propriétaire insensé qui s’abstient de veiller ? Il s’agit avant tout d’être prêt à la résistance. L’Eglise, en effet, sait qu’elle doit être surprise, mais ignore l’heure où l’ennemi doit frapper. Etre vigilant, signifie être en mesure d’ouvrir « dès qu’il viendra » (V. 36). De même que le Seigneur se met entiè­rement à la disposition de son Eglise, celle-ci doit l’attendre de tout son être pour être immédiatement disponible (tout en dépend, cf. 9, 62). La félicité des serviteurs réside dans cette offrande de soi-même du Christ pour l’Eglise. La question posée par Pierre (V. 41) révèle son intelligence de la volonté du Seigneur : les siens doivent former une communauté d’attente ; seul est capable d’espérance l’homme qui a reçu un appel en vue de cette expectative et la force d’y persévérer. Pierre montre, par sa question, qu’il désire un éclaircissement au sujet des élus. Mais Jésus ne le lui donne pas. Certes, il parle d’une différence, mais ce n’est pas celle qui sépare les appelés du reste de l’humanité. Un tel partage aurait en effet pour conséquence, de laisser une partie de la création se libérer de l’attente afin de vivre pour elle-même et sans but. Toute la création est en tension : « Nous le savons en effet, toute la création jusqu’à ce jour, gémit en travail d’enfantement. Et non pas elle seule : nous-mêmes qui possédons les prémices de l’Esprit, nous gémissons nous aussi intérieurement dans l’attente de la rédemption de notre corps » (Rom. 8, 23). Voilà la diffé­rence : certains possèdent les prémices et, comme tels, viennent les premiers, d’où la distinction entre maîtres et serviteurs. Tous sont en service. Mais les uns ont un devoir particulier à l’égard des autres ; leur préséance a pour fin le service d’autrui. Jésus décrit ici la responsabilité de l’Eglise à l’égard du monde et de sa vocation vis-à-vis de ceux qui lui sont confiés. La promesse faite à sa fidèle attente brise les limites de l’image. A ce faible ministère seront donnés de grands biens dans le Royaume (V. 44, Cf. 19, 17 ; 22, 29 s. ; Apoc. 2, 26 ; 3, 21). La venue du Seigneur entraîne une séparation. Il peut alors arriver qu’un serviteur soit repoussé du côté des incroyants loin de Dieu, qu’un autre soit puni selon la mesure qui lui a été confiée. Car il ne sera rien demandé qui n’ait été donné à l’avance. Les paroles qu’il a reçues, accusent le Serviteur. Il ne peut se plaindre d’avoir été mal informé, car Jésus en a pris soin. Mais lors de sa venue, cette période de préparation dont on disposait sera révolue. Il s’affirmera le Seigneur de notre temps. Car il nous a prêté ce que nous avons et nous allons au-devant de l’heure où il va nous le redemander. Il faut rejeter la folle pensée selon laquelle le temps de notre vie perdrait ainsi toute valeur. Au contraire, il est chargé du poids incomparable de la décision. Il est compris entre : « Je suis venu », et : « le Fils de l’homme reviendra », entre le premier et le deuxième Avent.

D’après H. Gollwitzer, La joie de Dieu


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