L’Evangile du dimanche 15 juillet 2007

Dernière modification écrite le vendredi 4 avril 2008

Luc 10, 25-37

Qui est mon prochain ? Qui est ce prochain que je dois aimer comme moi-même ? Mais peut-on définir un être humain ? Un prochain ? A l’origine de cette histoire, on demandait à Jésus une définition : Jésus brouille les définitions et les cartes. Pour lui, l’être humain n’est jamais prisonnier de la définition que l’on donne de lui.

Pour ne pas avoir donc à donner de définition, Jésus raconte une parabole, ou plutôt une histoire. A la différence d’une parabole qui pourrait se passer n’importe où, n’importe quand, l’histoire de Jésus met en scène des lieux et des personnages précis. Ça se passe sur la route de Jérusalem à Jéricho où passe un homme, un prêtre, un Lévite et un Samaritain. Il pourrait s’agir de ce que nous appelons une histoire vraie, le récit d’un fait divers qui se serait effectivement produit. La route entre Jérusalem et Jéricho traverse une partie de désert de Juda et qui dit désert dit possibilité d’une attaque de brigands. Pour avoir tous un jour ou l’autre emprunté cette route, les auditeurs de Jésus n’auront aucune peine à imaginer la situation du malheureux voyageur, et à se mettre dans sa peau. En hébreu, le mot traduit par "prochain" dans l’Ancien Testament de nos Bibles peut tout aussi bien être traduit par "autre" dans l’expression "l’un l’autre", "les uns et les autres". Ce mot hébreu ne désigne pas forcément un être humain. Par exemple en Genèse 15, on nous raconte qu’Abraham fait un sacrifice et partage des animaux en deux. Les deux parties de chaque animal sont disposées l’une en face de "l’autre". Le prochain, c’est l’autre en face de moi, l’autre que je reconnais comme mon vis-à-vis. Dans l’histoire du voyageur, le regard joue un rôle très important. Le prêtre voit l’homme blessé, le lévite voit l’homme blessé, et l’homme blessé voit que le prêtre et le lévite le voient et font semblant de ne pas le voir. Peut-être même l’homme blessé se reconnaît-il dans ce prêtre et ce lévite et se dit : c’est normal, moi à leur place j’aurai fait de même. Et sans doute le prêtre comme le lévite reconnaissent dans la forme allongée au fond du ravin un être humain semblable à eux. C’est peut-être même justement parce qu’ils se reconnaissent dans cette forme qu’ils accélèrent le pas de peur que la cause de ce malheureux ne les atteigne à leur tour. Cet homme est bien leur prochain. Mais eux n’agissent pas comme ses prochains...

Si Jésus ne définit pas le prochain, c’est que le prochain en général n’existe pas. N’existent que des situations concrètes de joie ou de malheur, des situations aussi concrètes que l’est la route entre Jérusalem et Jéricho et, dans ces situations, des prochains, concrets eux aussi. La question n’est pas "qui est mon prochain ?" mais "qui s’est montré le prochain ?", "qui a agi conformément à cette compréhension du prochain ?", "comment est-ce que je vais aimer mon prochain ?". On est passé de l’idée du prochain à l’action concrète pour le prochain.

D’après Jean-Pierre STERNBERGER, Bible et Liturgie, ERF Cévennes-Languedoc-Roussillon, 2001.


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