L’Evangile de Pâques - Mt 28, 1-10

Dernière modification écrite le vendredi 4 avril 2008

Matthieu 28, 1-10

Après le sabbat, à l’aube du premier jour de la semaine, Marie-Madeleine et l’autre Marie allèrent voir le sépulcre. Et voici qu’il y eut un grand tremblement de terre ; car un ange du Seigneur descendit du ciel, vint rouler la pierre et s’assit dessus. Son aspect était comme l’éclair et son vêtement blanc comme la neige. Les gardes tremblèrent de peur, et devinrent comme morts. Mais l’ange prit la parole et dit aux femmes : Pour vous, n’ayez pas peur, car je sais que vous cherchez Jésus, le crucifié. Il n’est pas ici ; en effet il est ressuscité, comme il l’avait dit. Venez, voyez l’endroit où il était couché, et allez promptement dire à ses disciples qu’il est ressuscité des morts. Il vous précède en Galilée ; c’est là que vous le verrez. Voici : je vous l’ai dit. Elles s’éloignèrent promptement du tombeau, avec crainte et avec une grande joie, et elles coururent porter la nouvelle aux disciples. Et voici que Jésus vint à leur rencontre et dit : Je vous salue. Elles s’approchèrent pour saisir ses pieds et elles l’adorèrent. Alors Jésus leur dit : Soyez sans crainte ; allez dire à mes frères de se rendre en Galilée : C’est là qu’ils me verront.

Aucun des évangiles synoptiques (ni d’ailleurs le récit johannique) ne raconte à proprement parler la Résurrection ; le terme qui désigne cet événement est le même dans les trois récits ; il est prononcé par l’ange (Mc et Mt, mais en termes différents) ou les deux anges (Luc).

Au sujet du récit mattheen M. Goguel écrivait : « A la question : pourquoi la tradition ancienne ne contient-elle pas de récit de la sortie de Jésus de la tombe ? Il y a qu’une réponse possible, c’est celle-ci : parce qu’à l’origine, on avait de la résurrection une conception dans laquelle il n’y avait pas de place pour une sortie matérielle et visible de Jésus de la tombe. C’est ce que montre, croyons-nous, l’examen des récits les plus anciens... La résurrection est ainsi conçue comme matérielle, en ce sens que le corps de Jésus est réellement sorti de la tombe, cependant il en est sorti autrement qu’un vivant qui s’y serait trouvé enfermé. S’il n’y est plus quand le tombeau est ouvert, c’est qu il a passé directement de la tombe au ciel. »

Le jour du sabbat, la 1ère heure du matin, deux femmes, ne veulent voir que le tombeau, puisqu’elles le savent scellé et gardé. Le 1er jour de la semaine, après le sabbat des juifs, correspondait donc à notre dimanche. L’ange du Seigneur n’intervient donc ni pour réveiller Jésus, ni pour lui ouvrir la porte du tombeau mais pour accueillir les femmes, leur montrer le tombeau vide et leur donner les instructions de leur Maître (ou de Dieu). Matthieu ne fait pas de la Résurrection un événement objectif-contraignant ; les gardes n’y comprennent rien ; seules les femmes entendront de l’ange la signification réelle du vide qu’elles vont constater dans le tombeau. Matthieu insiste, plus encore que Mc et Luc, sur le fait que l’ange prend la parole et déclare. Le fait ne suffit pas, bien plus : l’interprétation angélique du fait est partie intégrante de l’événement de la Résurrection. Sans la parole de l’ange, les femmes seraient demeurées dans une crainte religieuse sans rapport avec la Résurrection. L’ange lui-même nous ramène donc à la réalité : Vous cherchez Jésus, le crucifié ? Il n’est pas ici, il est ressuscité ! Le ressuscité, c’est le crucifié ; la vie de Jésus n’est pas effacée comme un mauvais cauchemar dans le matin resplendissant de la résurrection. Au contraire, elle prend enfin son vrai sens, tout son sens ; c’est elle qui est, en premier lieu, illuminée par la lumière de Pâques. Pâques, ce n’est pas la lumière de la vie immortelle s’opposant aux ténèbres de la vie mortelle. C’est la lumière de la vie de Dieu qui illumine notre vie, et nous fait découvrir que la vie éternelle, ce n’est pas la vie après la mort, c’est la vie de Dieu venant illuminer notre vie dès maintenant.

d’après Pierre Bonnard « L’Evangile selon saint Matthieu »


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