L’Evangile du 18 mars 2007 - " l’invitation à la joie "

L’Evangile du dimanche 18 mars 2007

Dernière modification écrite le vendredi 4 avril 2008

Luc 15, 1-3.11-32 Tous les péagers et les pécheurs s’approchaient de Jésus pour l’entendre. Les Pharisiens et les scribes murmuraient et disaient : Celui-ci accueille des pécheurs et mange avec eux. Mais il leur dit cette parabole : Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : Mon père, donne-moi la part de la fortune qui doit me revenir. Et le père leur partagea son bien. Peu de jours après, le plus jeune fils rassembla tout ce qu’il avait et partit pour un pays lointain où il dissipa sa fortune en vivant dans la débauche. Lorsqu’il eut tout dépensé, une grande famine survint dans ce pays, et il commença à manquer (de tout). Il se lia avec un des habitants du pays, qui l’envoya dans ses champs faire paître les pourceaux. Il aurait bien désiré se rassasier des caroubes que mangeaient les pourceaux, mais personne ne lui en donnait. Rentré en lui-même, il se dit : Combien d’employés chez mon père ont du pain en abondance, et moi ici, je péris à cause de la famine. Je me lèverai, j’irai vers mon père et lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi ; je ne suis plus digne d’être appelé ton fils ; traite-moi comme l’un de tes employés. Il se leva et alla vers son père. Comme il était encore loin, son père le vit et fut touché de compassion, il courut se jeter à son cou et l’embrassa. Le fils lui dit : Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi, je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Mais le père dit à ses serviteurs : Apportez vite la plus belle robe et mettez-la lui ; mettez-lui une bague au doigt, et des sandales pour ses pieds. Amenez le veau gras, et tuez-le. Mangeons et réjouissons-nous ; car mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé. Et ils commencèrent à se réjouir. Or, le fils aîné était dans les champs. Lorsqu’il revint et s’approcha de la maison, il entendit de la musique et des danses. Il appela un des serviteurs et s’informa de ce qui se passait. Ce dernier lui dit : Ton frère est de retour, et parce qu’il lui a été rendu en bonne santé, ton père a tué le veau gras. Il se mit en colère et ne voulut pas entrer. Son père sortit pour l’y inviter. Alors il répondit à son père : Voici : il y a tant d’années que je te sers, jamais je n’ai désobéi à tes ordres, et à moi jamais tu n’as donné un chevreau pour me réjouir avec mes amis. Mais quand ton fils que voilà est arrivé, celui qui a dévoré ton bien avec des prostituées, pour lui tu as tué le veau gras ! Toi, mon enfant, lui dit le père, tu es toujours avec moi, et tout ce que j’ai est à toi ; mais il fallait bien se réjouir et s’égayer, car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.

Jésus parle en paraboles. Ceux qui l’écoutent ne devraient pas oublier l’appartenance première des pécheurs au peuple de Dieu et au monde du Créateur. Car ceux-ci sont aussi l’objet de son espérance. Dieu ne se contente pas d’une partie de sa création, il veut l’avoir tout entière. Et Dieu ne renoncera jamais à son espérance à l’égard de ce monde où toute vie l’intéresse. « Dieu ne veut pas la mort du pécheur », c’est aussi le langage de la Loi.

« II fallait se réjouir ! » Cet avertissement que le père, dans le récit en question, adresse à son aîné. Cette parabole des deux fils, comme on peut l’appeler, contient toute l’humanité de Dieu. Le lien originel des deux enfants avec leur père est le point de départ de tout le récit. Ils sont unis l’un à l’autre, ayant le même père, la même patrie et, partant, la même destinée. La chute qui se produit dans la vie du cadet, commence par la rupture avec son père. Il transforme la promesse de l’héritage en un droit exigible, considérant la propriété paternelle comme la sienne propre. Ce qu’il revendique ici trop tôt comme son bien, représente selon le droit juif sur l’héritage (Deut. 21, 17) un tiers de la succession, les deux tiers revenant normalement à l’aîné. Cela doit lui servir à affirmer et à réaliser son indépendance vis-à-vis du père. Cet homme, ainsi libéré, a rompu toutes attaches avec la maison du Père. Au pays lointain, où il émigre, rien ne va comme dans la patrie où le Père donne gratuitement. Ici, au contraire, personne ne reçoit qui n’a rien à donner en retour. Ce chemin de liberté, s’achève dans la condition la plus misérable qu’un Juif puisse se représenter : la garde des cochons, animaux impurs entre tous - et cela au service d’un païen. Il revient humilié à son Père : « J’ai péché contre le ciel et sous tes yeux (trad. habituelle. « ... contre toi ») », c’est ce que le fils reconnaît lui-même. Il n’est pas resté impuni. Mais son châtiment ne résidait pas seulement dans la faim vécue mais aussi précisément dans ce bonheur perdu qu’il avait cru saisir. Sous la figure du Père c’est Dieu qui se cache, dans la figure du cadet, l’humanité entière. Le Père, reste fidèle à lui-même. Il accueille son fils sans conditions. Outre l’héritage, il donne à son fils repenti la souvenance de sa paternité. C’est elle qui ouvrira à l’enfant un chemin nouveau, le chemin du retour. Si celui pourra marcher dans cette voie, c’est grâce à la force de l’amour du Père si longtemps méprisé. Telle est la pointe du message de Jésus dans son appel à la repentance. Il montre à quel point le fils a abandonné toute prétention dans cette requête pour être reçu. L’homme ne saurait vivre sans Dieu (Ps. 84, 11). Son retour sur lui-même est une souvenance des véritables conditions de sa vie : il n’est pas à la mesure de ce qu’il croit pouvoir faire. Il ne peut vivre sans le Père, Dieu plein d’amour et comme lui, mais seulement avec lui. (commentaire basé sur le livre de H.Gollwitzer « La joie de Dieu »)


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