99 - Unification des Eglises réformées et luthériennes aux Pays-Bas

Depuis le 1 mai 2004 les Pays-Bas ont vu naître l’Eglise Protestante aux Pays (PKN, Protestantse Kerk in Nederland). Elle est le fruit d’un long processus de maturation entre les Eglises réformées et l’Eglise luthérienne.
Dernière modification écrite le jeudi 11 mars 2010

L’Eglise Protestante aux Pays-Bas

l’histoire d’une unification par la compréhension commune de l’Evangile

En accord avec ce qu’elle confesse, l’Eglise Protestante des Pays-bas est forme de l’Eglise chrétienne une sainte apostolique et catholique ou universelle qui, participant à la promesse accordée à Israël, est tendu vers la venue du Royaume de Dieu.

C’est ainsi que commence l’article 1-1 de la constitution ecclésiale de l’Eglise Protestante aux Pays-Bas (EPPB), en vigueur depuis le 1er mai 2004 pour les trois Eglises à présent regroupées au sein de la EPPB - l’Eglise Réformée Néerlandaise (ERN, Nederlands Hervormde Kerk, 1.900.000 membres), les Eglises Réformées des Pays-Bas (ERPB, de Gereformeerde Kerken in Nederland, 650.000 membres) et L’Eglise Evangélique-Luthérienne dans le Royaume des Pays-Bas (EEL, de Evangelisch-Lutherse Kerk in het Koninkrijk der Nederlanden, 14.000 membres).

Dès le début de sa constitution ecclésiale, l’Eglise Protestante aux Pays-Bas se situe « entre Israël et le Royaume de Dieu » dans une perspective résolument œcuménique. Elle se veut « forme de l ‘Eglise chrétienne une sainte » en s’appuyant fortement sur la Concorde de Leuenberg, signée en 1973 par les Eglises concernées dans ce processus d’unification. Ce n’est que sur cette base que l’Eglise luthérienne en tant que petite minorité (1%) éprouvait confiance pour être totalement accepté au sein de la EPPB . Pour cette raison « Leuenberg » est explicitement mentionnée dans l’article I-5 de la Constitution : L’Eglise reconnaît avec la Concorde de Leuenberg que les traditions luthériennes et réformées se rencontrent à travers une compréhension commune de l’Evangile.

Un processus en quatre étapes

Quatre étapes ont marqué l’union progressive de la ERN, la ERPB et l’EEL au sein de l’EPPB. Quatre étapes sur une période de 4 décennies :

-   Tout a commencé en 1961 par un appel de 18 pasteurs au sein de l’ERN et de l’ERPB de repenser les relations entre leur deux Eglises pour mieux répondre à la Mission de l’Eglise d’écouter la Parole et de l’annoncer. Tout était encore ouvert.
-   Le premier synode commun de la ERN et de la ERPB en 1973 (un deuxième en 1976) inaugura une seconde étape. Entre 1973 et 1986, les synodes communs ont travaillé des raisons théologiques et ecclésiologique rendant impossible l’union progressive. Cette démarche a conduit à la réception d’une Déclaration sur les objectifs accompagnée d’une Déclaration sur le consensus affirmant qu’il n’existe pas de cause d’ordre théologique qui justifierait de poursuivre sur des voies séparées. En 1986 les luthériens (EEL) rejoignit ce processus en affirmant que l’EEL ne peut assumer sa mission d’annonce de l’Evangile qu’en s’unissant à d’autres Eglises et que le luthéranisme n’a pas produit une doctrine élaborée sur l’Eglise : aucun modèle d’Eglise n’est privilégié en son sein. Le seul critère est et demeure la fidélité de l’Eglise à sa mission : annoncer l’Evangile. De ce fait la « sentimentalité ecclésiale et les conceptions de l’Eglise n’ont qu’une importance secondaire . L’adoption définitive de ces deux Déclarations, après consultation des paroisses et des instances régionales, par les trois ( !) synodes concernés, faisait commencer l’organisation juridique de l’union d’Eglises. Les Eglises ne sont plus de vis-à-vis indépendant tout en respectant la responsabilité propre des Eglises locales pour qu’elles puissent déterminer elles-mêmes la manière et le rythme de cette union progressive à l’échelle locale.
-   Entre 1986 et 1993 les synodes ont travaillé une nouvelle constitution ecclésiale. En 1993 le synode à trois a adopté en première lecture une nouvelle constitution d’Eglise.
-   A partit de 1993, le processus est dominé pendant 10 ans par des débats juridiques. Tout ce parcours juridico-ecclésial fut conclu en juin 2003. Le 12 décembre 2003, les trois synodes, de manière définitive, approuvent l’accord d’union. Le EPPB existe aujourd’hui depuis le 1er mai 2004.

Et maintenant tout commence...

L’unification entre Eglises ne peut jamais être un but en soi. Au contraire, l’union entre Eglises est le début d’un processus qui a comme but de guérir les blessures du passé, de témoigner de la justice et de la réconciliation en Christ, au sein de l’Eglise et dans le monde. Pour cette raison les Eglises ont opté pour une union organique et non pas pour une association fédérative très intense, ni pour une union purement administrative. Les Eglises ont voulu aller plus loin que la complète reconnaissance mutuelle et la coopération intensive entre elles. Néanmoins pour parer la peur de la perte d’identité et d’uniformisation, consciente aussi que l’Eglise trouve sa forme la plus concrète dans l’Eglise locale, la nouvelle constitution ecclésiale respecte la légitime pluralité vivante et l’attachement particulier de nombreuses paroisses avec telle tradition et à leurs propres convictions théologiques.

Cependant ceci ne pourra pas constituer le mot de la fin. L’Eglise vit en dernière instance de la justification et de la réconciliation qui la marque en tant que koinonia. Cet Evangile déborde largement les cadres institutionnels. Une constitution ne peut que créer un cadre, pour rendre toujours possible la réconciliation et commencer une nouvelle tradition commune.

L’Eglise est issue d’un appel de tendre vers ce qui est en avant (Phil. 3,14). Elle est au service du Royaume de Dieu à venir. Et c’est dans l’approbation de cette mission que se situe le véritable Ecclesia reformata semper reformanda.

Post scriptum

Environ 5% de la totalité des membres de n’ont pas suivi ce processus d’unification et se sont réunies en Eglise Réformée Rétablie (Hersteld Hervormde Kerk). L’acceptation de la Confession d’Augsbourg (refusée par une petite minorité calviniste orthodoxe) dans de la constitution ainsi que la possibilité de bénir les couples homosexuels au sein de EPPB forment les principaux obstacles. Unification n’est pas toujours synonyme à réconciliation.

Jan Albert Roetman


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