Marcher dans un monde qui court

« Marcher dans un monde qui court »
Décidemment, Mesnières, ça marche .....

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Dernière modification écrite le samedi 8 décembre 2007 par Nirina Rakotoarivony.

Ils ont bel et bien marché, les jeunes amis de la région. Et loin d’user leurs souliers, cette randonnée dans la campagne du pays de Bray leur a donné des tas d’idées. Ils se sont tous laissés déplacés, et nous, avec eux, par un Week-end placés sous le signe du nomadisme. A l’arrivée, le château de Mesnières en Bray s’était transformé en tente de la rencontre où chacun a pu faire halte à la manière des bédouins. Entre les témoignages de l’écrivain voyageur Pierre Loti, du géologue Théodore Monod, de l’Ecclésiaste de la Bible, de la communauté des veilleurs ou d’un champion de triathlon ; une grosse quarantaine de jeunes de 15 à 25 ans environ ont pu réfléchir à leur propre chemin de vie en faisant marcher leurs méninges, mais aussi leur imagination et leurs muscles. A travers des ateliers théâtre, chant, sport ou art plastique, chacun a pu exprimer sa propre façon d’avancer dans la vie. Une discussion théologique, des « flashs bibliques » et des moments de prière, ont permis à tous de réfléchir à son engagement, ses doutes, sa foi.

Vue sous cet angle, cette rencontre de marcheurs semble très méditative et austère. Mais croire cela serait ignorer l’énergie et le dynamisme débordant dans lesquels se déroulent tous ces moments forts. A Mesnières, la foi s’exprime avec humour, conviction et pudeur. Entre une partie de thèque et une version flamenco d’un cantique pour la paix. A Mesnières, des pieds naissent de la terre glaise (....et Dieu vit que cela était bon), des chants appris en 3 minutes jaillissent d’un chœur enthousiaste, la théologie passionne et se renouvelle avec audace, de jeunes musiciens improvisent des cantiques relookés, bref : grâce au Rassemblement Jeunesse Régional, la foi se paie une cure de jouvence. Là-bas, même les pasteurs ont l’air d’être jeunes. Le premier jour du moins, parce qu’après la première veille nocturne passée à compter les allées et venues dans les couloirs du dortoir, les pasteurs paraissent avoir pris dix ans de plus au p’tit dèj ( eh oui, un jeunes de Mesnières, ça marche.... Que dis-je, ça court aussi la nuit). Cette année encore, plusieurs dizaines de personnes auront partagé ce temps béni du rassemblement jeunesse. S’il n’y avait qu’un message à retenir de ce week-end, ce serait sans doute celui que tous les jeunes nous transmettent : Marcher à son rythme propre, libre de tout modèle imposé, sans s’encombrer du superflu. Marcher pour penser, pour rêver, marcher pour rien aussi, gratuitement, par la seule grâce d’être en mouvement. Ces marcheurs, à l’aise dans leurs baskets, sont repartis lundi par les chemins et les routes aux quatre coins de notre région, laissant sous leurs pas une empreinte : comme un Evangile.

Pasteur Béatrice CLERO-MAZIRE.

PS

Dans une encyclopédie d’histoire naturelle, j’ai trouvé un article sur l’homo-mesnières-sapiens. L’homo-mesnières-sapiens est un marcheur migrateur qui évolue dans les régions tempérées du nord-ouest de la France. Il vit en colonie pendant une courte durée de l’année durant laquelle il migre vers une seule et même destination : Mesnières en Bray. Pourquoi une telle migration au environ du mois de novembre dans une contrée aussi froide et inhospitalière que le pays de Bray, les scientifiques ne peuvent l’expliquer à ce jour. Pourtant, chaque année, plusieurs dizaines d’individus de cette espèce, qu’on a cru un temps en voie de disparition, se retrouvent pour un rituel encore mal compris de la communauté scientifique. Les anciens du groupe arrivent toujours en avance et semblent préparer le nid qui accueillera leurs congénères. Ils installent alors des provisions, des câbles, des projecteurs, des ordinateurs et des vidéo-projecteurs. Puis c’est le tour des plus jeunes, qui arrivent avec leur duvet adapté aux frimas de la saison. Traînant leurs grandes pattes, les jeunes se rassemblent en tas dans le lieu de rencontre préparé par les anciens. Quand le groupe est au complet, les chants commencent à jaillirent et l’excitation monte dans le groupe. Puis, chacun choisit un nichoir où déposer son duvet pour passer la nuit. Pourtant, peu d’entre eux dormiront là. En effet, l’homo-mesnières-sapiens a la particularité, durant cette période de migration, d’être actif autant la nuit que le jour. Il est omnivore et prend ses repas : le jour à heures régulières. Chaque prise de nourriture est précédée par un chant significatif qui ressemble à un meuglement. On prête à l’homo-mesnières-sapiens un sentiment religieux très prononcé, mais ce caractère reste difficile à observer si ce n’est à la joie qui semble animer ce rassemblement annuel.


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