L’Eglise a défini le temps qui précède la Passion, le Carême, à partir de l’expérience des 40 ans d’un peuple, Israël, au désert marchant vers la Terre Promise que Dieu lui donne et celle des 40 jours d’un homme, Jésus, au désert cheminant vers la mission que Dieu lui confie. C’est ainsi que le Carême est devenu trop souvent un désert sans "dessert" !
Un peuple au désert : parce qu’appelé à y être par Dieu, parce que libéré de l’esclavage,parce qu’en marche vers la promesse. Mais au désert le peuple est surtout invité à grandir dans sa confiance en Dieu. Et c’est bien là que se trouve le cœur de son épreuve, la faim, les idoles, la mort... Mais au désert Dieu entend les SOS lancés par son peuple et le désert fleurit des signes de la Grâce, l’eau jaillit du rocher, la manne se ramasse tel un dessert en abondance, la loi est donnée au Sinaï, autant de signes qui ont l’odeur de la promesse, la couleur du lait, le goût du miel ! Un peuple au désert qui éprouve la faim, teste son vivre ensemble, découvre son Dieu, un peuple au désert mais non privé de "dessert" ! Un homme au désert : parce que l’Esprit de Dieu l’y conduit, parce qu’appelé à une vocation, parce que la solitude y sera pour lui temps de maturation. Mais au désert "affaibli" par un jeûne de 40 jours, cet homme va vivre les tentations inhérentes à la vie en Humanité, la faim, la responsabilité face au danger, la quête du pouvoir. Au désert Dieu n’abandonnera pas son Fils qui puisera alors dans la Parole les réponses au tentateur et les résistances à la tentation. Au désert Dieu manifeste pleinement son amour paternel en envoyant ses anges servir celui qui a résisté et qui est déjà en prémices victorieux du tentateur. Jésus au désert qui éprouve la faim, la résistance au chantage et au pouvoir et qui voit les anges le servir, un homme au désert mais non privé de "dessert" ! L’Eglise en Carême : parce que devant toujours mieux se connaitre et reconnaitre Dieu présent dans son quotidien, parce qu’appelée à être témoin d’un mystère qui ne se justifie pas mais qui s’accueille, parce que confrontée à toutes les tentations de ce monde et invitée à y répondre en traduisant pour aujourd’hui la Parole. Mais durant le Carême Dieu veille à combler l’Eglise de sa Grâce, Il la nourrit de sa Parole, fait grandir son goût pour la communion, élargit l’espace de sa tente et lui donne d’accueillir celui qui frappe. L’Eglise en Carême qui éprouve la faim de justice, la difficulté à donner toute autorité à Dieu, les méandres des chemins de réconciliation. L’Eglise en Carême qui ressent le besoin d’énoncer une Promesse de Vie, une Bonne Nouvelle mais qui ne trouve pas toujours les mots pour apaiser les maux. L’Eglise en Carême qui demeure au bénéfice de la bénédiction de Dieu et qui ne doit pas oublier d’accueillir la manne que le Seigneur lui donne. L’Eglise en Carême, au désert oui mais non privée de "dessert" ! Bon et beau chemin vers Pâques !
Pr Olivier FILHOL
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