La rentrée marque le début des activités dans nos Églises locales de notre communauté régionale. Voici quelques réflexions pour ce « re-début » de nos engagements. Tomasz Pieczko.
En lisant le fameux texte de Genèse 11 : 1 Or, toute la terre parlait un même langage avec les mêmes mots nous pouvons bien apprécier cette unicité de langage. Et nous pouvons être un peu en colère avec la phrase qui suit : c’est Lui (Dieu) qui décide : Allons ! descendons : et là confondons leur langage, afin qu’ils n’entendent plus le langage les uns des autres ; (et) L’Éternel les dissémina loin de là sur toute la surface de la terre Gen 11 : 7-8a . Cette fameuse « affaire de la Tour de Babel »... Comme nous aimerions dans plusieurs situations de nos vies parler la même langue (et aussi métaphoriquement) et avoir moins de difficultés à comprendre les habitudes, les attentes des autres (ou aussi faire mieux comprendre nos communiqués, plus clairement, plus facilement, moins fatiguer les interlocuteurs)... C’est l’expérience de nos problèmes et de ceux si nombreux qui vivent si douloureusement ces problèmes de « dissémination sur toute la surface de la terre » avec la perte des liens humains, leur dissolution (bien que de la même langue et de la même culture) dans un environnement difficile... Bien que l’angoisse de l’incompréhension ou de l’absurdité de la solitude est souvent un élément de la vie quotidienne de ce monde qui nous entoure (et duquel nous faisons partie). Il paraît qu’il y a de plus en plus de risque à vivre dans l’anonymat, dans la perte de soi dans l’univers un peu froid, des réalisations techniques qui mettent en difficulté les aspirations à l’identité reconnue, à la solidarité fraternelle.
En réfléchissant un peu plus loin, on arrive à un secret de l’ Église : elle est née pour le monde ; elle ne surgit pas contre lui, mais à cause de lui ; elle ne vient pas s’opposer aux espoirs des hommes, pour les dénoncer seulement, mais pour travailler (et reprendre) ces espoirs en vue de les authentifier et de les certifier. Elle ne dit pas "non" ; elle fait un autre "oui" au niveau de l’espérance. Certes, elle dérange, mais non pour faire mourir le « oui » possible des autres, mais elle veut qu’il ressuscite. C’est là la connivence fondamentale (et la distance originelle) entre le monde et l’ Église : c’est ensemble seulement qu’ils peuvent vivre ! Nous ne pouvons pas vivre sans et en dehors de tous les langages culturels de la cité... La mission de l’ Église reste une proclamation de la « capitulation » devant l’amour de Dieu (le reconnaître dans sa grandeur) et le laisser faire la paix en nous et entre nous, pour devenir « un seul peuple » (Tite 2:14 : Il s’est donné lui-même pour nous, afin de nous racheter de toute iniquité, et de se faire un peuple qui lui appartienne, purifié par lui et zélé pour les oeuvres bonnes. Nous pouvons - grâce à Lui (et toujours sola gratia) - être délivrés de nos peurs, nous pouvons devenir être capables d’aimer même nos ennemis, de partager nos biens (matériels et spirituels) entre nous tous. Nous ne vivrons plus la solitude, jamais ! Elle est si belle cette Parole qui présente le message dont notre monde a un urgent besoin : cessez de croire en l’unité que vous vous forgez ; recevez plutôt celle de l’ Esprit Saint venu confirmer l’œuvre du Christ : croix et résurrection. Ce message nous permet de dire que notre sécurité est telle qu’elle est fondée sur la paix de Dieu donnée dans la personne de Jésus-Christ, par sa croix et sa résurrection. Pour finir cette réflexion, nous pourrons nous référer encore une fois à « l’affaire de Babel », d’où nous sommes partis avec nos inquiétudes. En réalité (en hébreu) Babel (cf. Gen 11, 9), dans ses consonnes, veut dire aussi la "Porte de Dieu". Nous pouvons trouver là un sens très profond d’explication de cette scène tellement troublante : Dieu « ressuscite » Babel en Porte de Dieu. Par cette Porte, métaphore de Jésus-Christ (la porte de Dieu, le portique même de Dieu) nous pouvons entrer et sortir ensemble cf. Jn 10, 9 : Moi (dit Jésus), je suis la porte ; si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé ; il entrera et sortira et trouvera des pâturages) ainsi nous pourrons nous rencontrer indépendamment de nos différences linguistiques et culturelles, avec tous/toutes nos frères et sœurs dans toutes nos Eglises.
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