Sur la route ou un obstacle sur sa route ?

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par Andrew Rossiter

Dernière modification écrite le lundi 10 novembre 2008


Pierre vient d’avoir la révélation de sa vie. Comme souvent dans ces cas, là il se souvient nettement du lieu, de l’heure et des circonstances de cet événement. C’était en Césarée de Philippe autour de midi. A partir d’une question des plus banale il réalise qui est ce Jésus de Nazareth qu’il côtoie depuis à peu près un an. Il est tout simplement celui que l’on attend depuis si longtemps, le Messie, celui qui apporte le salut et la libération. Il est le représentant direct de Dieu lui-même, son Fils s’il vous plaît ! Il ne saurait jamais dire comment il a compris, ça ne venait sûrement pas de lui-même, en rassemblant tout un tas de petits détails : sa façon de parler et d’enseigner, l’effet qu’il suscitait chez les gens, bien sûr les guérissons... Et la révélation fût plus que la somme des détails. Jésus lui-même a dit que Pierre l’a reçu de Dieu lui-même, pourquoi pas. Et puis plus qu’un peu fier de lui-même, Pierre entend Jésus expliquer qu’il va mourir et souffrir, et que ses amis devaient s’y préparer. « Mais non ! Je viens de réaliser qui tu es, il faut tu restes avec nous ! »

Jésus se tourne vers son ami et lui dit, « Derrière moi, Satan ! » Ce fût comme une gifle, ça fit mal. Ses instincts de protection, d’amour et d’aide ont pris le dessus chez Pierre, et pour toute récompense il a été humilié devant tous les autres. Car Jésus continue, « Tu es un obstacle pour moi sur ma route. En effet tu ne penses pas comme Dieu, mais comme les hommes. » Pitié ! Qui, à part Dieu, peut penser comme Dieu ? Depuis quand c’est un crime de penser comme les hommes. Nous sommes des hommes. Jésus est devenu homme. Quel homme peut penser autrement ? Et Jésus nous dit que cette façon de penser est un obstacle sur sa route.

Quel est cet obstacle ? De vouloir mettre en place notre propre protection, de sauver nous-mêmes et les autres. De vouloir tout faire - qui n’est pas autre que de prendre la place de Dieu. « Si quelqu’un veut venir avec moi, il ne doit pas penser à lui-même. Celui qui veut sauver sa vie, la perdra. Mais celui qui perdra sa vie à cause de moi, la retrouvera. Si une personne gagne toutes les richesses du monde, mais si elle perd sa vie, à quoi cela lui sert-il ? Qu’est ce qu’on peut donner en échange de la vie ? » La réponse est - rien ! Nous ne pouvons rien donner pour sauver notre vie. Tout a été déjà donné par cet homme de Nazareth. Celui que Pierre voulait protéger !

Alors peut-on penser comme Dieu ? Est-ce possible pour nous les humains ? Oui, nous avons une formidable opportunité chaque semaine lors de nos cultes. En ce lieu, nous entrons dans la pensée de Dieu. Dans ce moment ensemble :

-  nous réalisons que c’est possible de pardonner à celui qui nous veut du mal, et non pas une seule fois mais à l’infini ;

-  nous sommes ouverts à l’autre et nous apprenons à l’aimer, le culte devient un laboratoire de l’amour de Dieu ;

-  nous nous apercevons pendant un instant comme Dieu nous perçoit, comme son enfant aimé, chéri, tant attendu nos cœurs vont vers celles et ceux qui nous haïssent et qui nous détestent, et encore plus loin vers celles et ceux qui nous sont indifférents ;

-  nous grandissons en nous-mêmes, sûrs de la présence manifeste de Dieu à travers celles et ceux qui sont avec nous.

Désormais nous savons que cet amour est possible, que cet amour fonctionne, car nous l’avons vécu aux moments de nos cultes. Et chaque semaine cette expérience est possible. Ce n’est pas unique aux moments de culte, bien entendu. Lors d un concert, devant un coucher de soleil, plongé dans une lecture biblique ou autre, tant de circonstances de notre vie ordinaire peuvent devenir les moments de révélation de la présence et de la puissance de Dieu. Mais le culte est ce rendez-vous toujours offert avec nous-mêmes et avec celui qui se révèle à nous.

Bien entendu je ne serai pas plus gentil ou plus prêt à pardonner ou pas nécessairement plus rempli d’amour pour mon prochain grâce à un culte, mais dès maintenant je sais que c’est possible, même pour moi. Retour aux sources : Matt 16.13-28


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