Jean Calvin à propos du saint-Esprit

Réfélexion pertinente proposée par le pasteur Yves NOYER, pasteur dans le Pays d’Auge
Dernière modification écrite le vendredi 2 octobre 2009

La compréhension de Jean Calvin à propos du Saint-Esprit

A l’heure où nous vivons une forme très particulière de crise, d’autant plus forte que nous croyons qu’elle est seulement une crise économique, il est peut-être très bon que nous prenions le temps de partager un message particulier de Jean Calvin, en cette année où nous célébrons le cinquième centenaire de sa naissance.

I. Comment Jean Calvin comprenait-il le Saint-Esprit ?

Simplement, je vous propose deux axes de réflexion puis une rapide analyse de l’intérêt de cette réflexion pour notre temps, en bref de la pertinence de la pensée de Jean Calvin, le Réformateur français.

1. Le Saint-Esprit et la lecture de la Bible

Une des affirmations principales de la Réforme du XVIème siècle porte sur l’importance première des Ecritures ou de la Bible pour la vie des êtres humains. Par elles, nous avons accès à la Parole de Dieu, celle qu’il veut nous adresser afin que nous vivions mieux ! Pour Jean Calvin, toute l’Ecriture est inspirée par Dieu : cela signifie que le Saint-Esprit est à l’œuvre lors de l’écriture des différents livres rédigés par leurs auteurs à des époques différentes mais se rapportant à des événements fondateurs pour leur foi et leur vie ainsi que pour celle des autres êtres humains. Le Saint-Esprit est à l’œuvre dans cet acte d’inspiration, ce qui signifie que le message contenu dans tel ou tel livre est fidèle, quant à son esprit, aux événements qu’il apporte à la connaissance de ses lecteurs.

Mais il y a un deuxième niveau dans la compréhension qu’a Jean Calvin de l’œuvre du Saint-Esprit : cela concerne l’acte de lecture accompli par le lecteur. Pour Calvin, le Saint-Esprit est à l’œuvre dans l’esprit du lecteur pour l’aider à accueillir la Parole de Dieu alors même qu’il lit un texte de l’Ecriture ; mis en mouvement par l’Esprit de Dieu, le lecteur est rendu capable de recevoir la Parole de Dieu afin qu’il puisse en vivre et accéder ainsi à une compréhension de lui-même, de Dieu et des autres êtres humains. La Bible devient ainsi pour lui un livre vivifié par le Saint-Esprit, une parole vivante. Une précision toutefois concernant les erreurs possibles contenues dans la Bible : pour Calvin, il convient de distinguer la lettre et l’esprit ; ainsi c’est quant à l’esprit que le texte est fidèle à l’œuvre accomplie par Dieu. La lettre doit être prise au sérieux sans pour autant être prise « au pied de la lettre » !

2. Le Saint-Esprit et notre vie en Christ

Le but auquel Dieu veut que nous accédions par le service accompli lorsque nous lisons les Ecritures consiste dans le fait de nous rendre capables d’accéder à la vie véritable, une vie faite de confiance d’espérance et d’amour, une vie vraiment renouvelée par la foi au Christ Jésus. Ici aussi, Calvin nous est utile en nous aidant à comprendre que nous accédons à cette vie nouvelle par la puissance de Dieu qu’est le Saint-Esprit qui vient agir en nous : peu à peu, il nous aide à quitter la haine, la jalousie, l’envie, la violence et bien d’autres sentiments que nous apprenons à considérer comme mauvais parce que nous défigurant ; peu à peu, ce même Esprit nous aide à accueillir comme vérité pour notre vie l’amour, l’estime accordée aux autres êtres humains, la paix et le calme. Il nous rend conformes à l’être humain voulu par Dieu : le Saint-Esprit est à l’œuvre en nous pour nous façonner comme être créé de nouveau, vivant la vie nouvelle, comme être sanctifié. C’est ainsi le Saint-Esprit qui agit en nous chaque fois que nous acceptons de faire confiance en Dieu et que nous lui demandons de venir faire en nous son œuvre comme il l’a rendue manifeste en jésus de Nazareth : ce qu’il a ainsi accompli en dehors de nous vient prendre forme concrète en nous, opérant cette œuvre de sanctification en nous et nous rendant capables d’agir de manière plus heureuse en faveur de nos contemporains et de vivre avec eux une vie faite de paix et de justice. L’œuvre de sanctification a ainsi une dimension éthique évidente.

Telles sont deux des caractéristiques de la pensée de Jean Calvin. Pouvons-nous maintenant en analyser la portée pour aujourd’hui ?

II. Quel est l’intérêt de cette pensée de Calvin sur le Saint-Esprit ?

Il me semble que ces développements de Calvin sont encore utiles pour notre temps, d’autant plus quand nous cherchons à trouver des réponses face à la crise actuelle qui m’apparaît à la réflexion bien plus spirituelle que matérielle et financière.

Car Calvin nous met en présence d’un être marqué par une forme de dynamisme et non pas prisonnier d’une soif perpétuelle quant à l’avoir. L’homme ou la femme n’est vraiment être humain que dans la mesure où il se découvre comme n’existant vraiment que dans la dimension constitutive de l’être, ou quand il recherche d’abord à être mieux avec ses semblables dans une relation renouvelée et meilleure en ne se contentant pas de ses propres échecs ni de ceux de ses proches mais au contraire en dépassant ceux-ci grâce à cette puissance de renouveau qu’est le Saint-Esprit. Cet être humain trouve ainsi des raisons de croire d’espérer et d’aimer dans cette relation confiante et aimante avec ce Dieu Père que vient nous révéler ce personnage central dans l’histoire humaine : Jésus de Nazareth, lui qui est venu afin que par lui, nous ayons la vie (voir l’évangile de Jean chapitre 3 en particulier). Oui, le Saint-Esprit nous est utile chaque jour de notre vie ; osons donc le demander avec confiance à Dieu.


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