L’Evangile du dimanche 07 octobre 2007

Dernière modification écrite le vendredi 4 avril 2008

Jean 4, 31-38

Pendant ce temps, les disciples le pressaient de manger, disant : Rabbi, mange. Mais il leur dit : J’ai à manger une nourriture que vous ne connaissez pas. Les disciples se disaient donc les uns aux autres : Quelqu’un lui aurait-il apporté à manger ? Jésus leur dit : Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé, et d’accomplir son oeuvre. Ne dites-vous pas qu’il y a encore quatre mois jusqu’à la moisson ? Voici, je vous le dis, levez les yeux, et regardez les champs qui déjà blanchissent pour la moisson. Celui qui moissonne reçoit un salaire, et amasse des fruits pour la vie éternelle, afin que celui qui sème et celui qui moissonne se réjouissent ensemble. Car en ceci ce qu’on dit est vrai : Autre est celui qui sème, et autre celui qui moissonne. Je vous ai envoyés moissonner ce que vous n’avez pas travaillé ; d’autres ont travaillé, et vous êtes entrés dans leur travail.

A l’exhortation des disciples : « Rabbi, mange », Jésus répond d’une manière énigmatique : « J’ai à manger une nourriture que vous ne connaissez pas ». Dans la tradition biblique, le pain, comme l’eau et le vin, est un symbole du don de la sagesse et de la Loi. La Sagesse invite l’homme à son festin : « Venez, mangez de mon pain, buvez du vin que j’ai préparé » (Pr 9,5). Mais la sagesse juive n’était pas sim­plement une doctrine ; elle était orientée vers l’action et devait trans­former la vie. Jésus donc applique ici la méta­phore de la nourriture à l’accomplissement de sa mission : « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé, et d’accomplir son oeuvre » (v. 34). Cette volonté divine, il la « cherche », comme une nourriture dont il ne peut se passer ; pareillement, il « cherche » uniquement la gloire de celui qui l’a envoyé. Jésus n’a rien en propre ; il n’est que l’envoyé de Dieu ; ses pensées et ses projets sont les pensées et les projets de son Père ; les paroles qu’il transmet ne sont pas les siennes, mais les paroles du Père, il n’accomplit pas ses œuvres à lui, mais celles du Père, il ne fait pas sa volonté propre, mais la volonté de celui qui l’a envoyé. Un effacement si radical montre le mystère de Jésus. Deux Pères de l’Eglise en parle d’une manière très forte : 1. Origène : la parfaite union de la volonté humaine de Jésus avec la volonté de Dieu est la manifestation d’une unité plus profonde, l’unité du Père et du Fils, car la volonté du Fils est identique à celle du Père ; c’est pourquoi il peut dire : « Le Père et moi, nous sommes un » (10,30) 2. Cyrille d’Alexandrie a une formule encore plus audacieuse : « Le Fils est la volonté vivante et substantielle du Père ».

Mais en soulignant son désir d’accomplir l’œuvre de celui qui l’a envoyé, Jésus oriente la pensée des disciples vers la mission chrétienne. Jésus introduit sa pensée par la vieille formule biblique : « Levez les yeux et voyez ». Dans l’A.T., c’est une invitation à contempler la grandeur de Dieu (Is 40,26), l’universalité des promesses faites à Abraham (Gn 13,14) et, plus encore, le rassemblement des nations (Is 49,18 ; 60,4). Contrairement à ce que pensent les disciples, les champs dès à présent sont blancs pour la récolte. La moisson, dans la Bible, a plusieurs significations : i. la coupe du blé peut désigner le jugement de Dieu, ii. la récolte symbo­lise la joie du salut, iii. le retour des dis­persés et iv. dans le N.T. les fruits de la mission. C’est le cas ici : Jésus évoque la joie du moissonneur, sa récompense, le grain qu’il amasse pour la vie éternelle. Selon les commentateurs le semeur ne désigne pas les prédécesseurs de Jésus (les Prophètes ou Jean-Baptiste), pas davantage le Père, mais Jésus lui-même dont la parole, d’après l’évangile, est une semence. L’image du moissonneur, dès lors, ne peut que s’appliquer aux disciples ; quoiqu’il ne les ait pas encore envoyés en mission, Jésus voit sa propre prédication se prolonger dans la leur.

L’Evangile de Jean ne connaît aucune mission des disciples pendant la vie terrestre de Jésus : l’envoi en mission a lieu le jour de Pâques (20,21). Pour comprendre la parole du chapitre 4, il faut donc, avec l’évangéliste, se placer au point de vue de la prédication chré­tienne au début de l’Eglise : les missionnaires doivent toujours se rappeler qu’ils ont été envoyés par le Christ. Ils moissonneront « là où ils n’ont pas travaillé ». Ici encore il faut voir une allusion à l’œuvre de Jésus. L’oeuvre de Jésus, qui devait le conduire à la croix, allait porter tous ses fruits dans la mission des disciples ; sa mort, elle aussi, serait une semence ; mais eux connaîtraient la joie de la récolte.


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