L’Evangile du dimanche 16 septembre 2007

Dernière modification écrite le vendredi 4 avril 2008

Luc 15,1-32

Tous les publicains et les gens de mauvaise vie s’approchaient de Jésus pour l’entendre. Et les pharisiens et les scribes murmuraient, disant : Cet homme accueille des gens de mauvaise vie, et mange avec eux. Mais il leur dit cette parabole : Quel homme d’entre vous, s’il a cent brebis, et qu’il en perde une, ne laisse les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller après celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la retrouve ? Lorsqu’il l’a retrouvée, il la met avec joie sur ses épaules, et, de retour à la maison, il appelle ses amis et ses voisins, et leur dit : Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé ma brebis qui était perdue. De même, je vous le dis, il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent, que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de repentance. Ou quelle femme, si elle a dix drachmes, et qu’elle en perde une, n’allume une lampe, ne balaie la maison, et ne cherche avec soin, jusqu’à ce qu’elle la retrouve ? Lorsqu’elle l’a retrouvée, elle appelle ses amies et ses voisines, et dit : Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé la drachme que j’avais perdue. De même, je vous le dis, il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se repent. Il dit encore : Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : Mon père, donne-moi la part de bien qui doit me revenir. Et le père leur partagea son bien. Peu de jours après, le plus jeune fils, ayant tout ramassé, partit pour un pays éloigné, où il dissipa son bien en vivant dans la débauche. Lorsqu’il eut tout dépensé, une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin. Il alla se mettre au service d’un des habitants du pays, qui l’envoya dans ses champs garder les pourceaux. Il aurait bien voulu se rassasier des carouges que mangeaient les pourceaux, mais personne ne lui en donnait. Étant rentré en lui-même, il se dit : Combien de mercenaires chez mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Mon père, j’ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d’être appelé ton fils ; traite-moi comme l’un de tes mercenaires. Et il se leva, et alla vers son père. Comme il était encore loin, son père le vit et fut ému de compassion, il courut se jeter à son cou et le baisa. Le fils lui dit : Mon père, j’ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Mais le père dit à ses serviteurs : Apportez vite la plus belle robe, et l’en revêtez ; mettez-lui un anneau au doigt, et des souliers aux pieds. Amenez le veau gras, et tuez-le. Mangeons et réjouissons-nous ; car mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé. Et ils commencèrent à se réjouir. Or, le fils aîné était dans les champs. Lorsqu’il revint et approcha de la maison, il entendit la musique et les danses. Il appela un des serviteurs, et lui demanda ce que c’était. Ce serviteur lui dit : Ton frère est de retour, et, parce qu’il l’a retrouvé en bonne santé, ton père a tué le veau gras. Il se mit en colère, et ne voulut pas entrer. Son père sortit, et le pria d’entrer. Mais il répondit à son père : Voici, il y a tant d’années que je te sers, sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour que je me réjouisse avec mes amis. Et quand ton fils est arrivé, celui qui a mangé ton bien avec des prostituées, c’est pour lui que tu as tué le veau gras ! Mon enfant, lui dit le père, tu es toujours avec moi, et tout ce que j’ai est à toi ; mais il fallait bien s’égayer et se réjouir, parce que ton frère que voici était mort et qu’il est revenu à la vie, parce qu’il était perdu et qu’il est retrouvé.

Notre texte nous propose trois paraboles (en hébreu, "machal" ; en grec, 3 comparaisons). On pourrait aussi dire : 3 exemples, pour comprendre. C’est ainsi que Jésus enseignait.

En fait, il enseigne à des interlocuteurs très ciblés, mentionnés dans les deux premiers versets. D’une part, des hommes "perdus" : pécheurs et collecteurs de taxes pour l’occupant romain, traîtres donc à leur peuple. Et d’autre part, des fidèles, des Purs (= pharisiens), et des Savants (= lettrés).

Nous avons là les deux parties en présence, opposées : le choix fondamental posé. Qui est le choix du Père... Et il n’est pas différent du nôtre non plus, de chacun de nous. Un homme avait 100 brebis, et il en perd une... Une femme avait 10 drachmes, et l’une s’égare... Un père avait deux fils, l’un vient à disparaître... Il n’y a plus alors qu’une seule chose qui compte. Plus qu’un souci, plus qu’un désir, plus qu’une lutte à mener : ...qu’ils soient retrouvés.

Et ce sera la JOIE totale sur la terre et dans le ciel. Elle explose. Elle éclipse les fidèles, les purs, les savants, les sages, ceux de toujours...

La 3° parabole détaille en particulier l’itinéraire du fils perdu : il voulait sa liberté, vivre sa vie (v. 12) ; ensuite, il manque de tout, jusqu’à côtoyer les porcs, et même les envier = les impurs par excellence, par opposition aux Purs (v. 14) ; il rentre alors en lui-même, confesse son péché, reconnaît son indignité... "Je me lèverai + j’irai vers mon père". C’est le demi-tour, la Conversion, le changement radical d’esprit. On le traduit aussi parfois par ’repentir’ (c’est la même notion, cf. v. 17) : "Joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit" (v. 10).

Regardons l’itinéraire du Père : il voit son fils de loin, il en a compassion, court vers lui, lui saute au cou, l’embrasse, l’habille, le chausse, le rétablit dans sa dignité (en lui donnant l’anneau), offre un banquet (musique, chants, danse, fête) - la joie domine... Il L’ ACCUEILLE (au lieu de le REJETER). "Car mon fils que voici était mort, et il est ressuscité !" (deux fois).

Comme de juste, le second fils, le "pur", le "savant", grommelle. Il rejette son frère (en disant "ton fils"), en mettant aussi en question la justice du Père (son fils « juste » a fait tout pour lui, qu’a-t-il reçu en retour ?)...

Ce fils parle de justice distributive (de balance). Comme les ouvriers de la première heure... Mais la justice du Père n’obéit pas à l’équité, à l’arithmétique ; plutôt au souci, à la compassion, au cœur, au désir de fête et de joie...

Les pécheurs, les traîtres, les paumés... sont donc sauvés, PAR GRÂCE. Tandis que les purs, les justes, les savants, les fidèles, ignorent tout de ce que signifie ce mot : GRÂCE.

Mais, tout est cadeau ! Tout est grâce !

D’après Cécile GRANIER


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