L’Evangile du dimanche 22 juillet 2007

Dernière modification écrite le vendredi 4 avril 2008

Luc 10, 38-42

Pendant qu’ils étaient en route, il entra dans un village, et une femme, du nom de Marthe, le reçut dans sa maison. Elle avait une soeur, appelée Marie, qui s’assit aux pieds du Seigneur, et qui écoutait sa parole. Marthe était absorbée par les nombreux soucis du service ; elle survint et dit : Seigneur, tu ne te mets pas en peine de ce que ma soeur me laisse seule pour servir ? Dis-lui donc de m’aider. Le Seigneur lui répondit : Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites pour beaucoup de choses. Or une seule chose est nécessaire. Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera pas ôtée.

Dès le moment où Jésus entre dans une maison, c’est-à-dire dans une vie, l’homme ne saurait rester inactif. Jésus veut assurément notre service et Marthe, la maîtresse de maison (V. 38) à raison dé faire de son mieux pour l’assister. Elle n’a pourtant pas gain de cause dans sa plainte contre Marie qui ne l’imite pas. Au contraire, elle est réprimandée (V. 41). Cela ne semble guère naturel car ce n’est pas pour être déchargée qu’elle porte plainte, mais à cause de Jésus lui-même. Sa question sous-entend la crainte de voir Jésus privé par l’inaction de Marie (V. 40). Celle-ci est assise aux pieds de Jésus dans une attitude où elle peut saisir chaque mot sortant de la bouche du Seigneur. Elle prend cette position dès l’instant où Jésus commence à prêcher. C’est la conduite à tenir en présence du Maître qui parle. Car Jésus veut être servi et écouté. Mais, au moment où il ouvre la bouche, ces deux attitudes n’ont plus la même valeur à ses yeux. Tout dépend de l’ordre dans lequel elles sont adoptées. Quand Jésus entre et parle, le premier mouvement doit être l’écoute, le second l’action. Il ne se présente pas comme un homme fatigué qu’il faut d’abord réconforter. Il vient plutôt comme celui qui, par sa Parole et sa doctrine, commence par aider ses hôtes (Mt 20, 28), afin de les rendre capables de donner et de le servir à leur tour. Même l’effort entrepris dans les meilleures intentions périclitera là où il n’est pas précédé de la silencieuse et modeste écoute de Marie. C’est ici - selon le texte primitif - « le peu ou la seule chose » qui soit nécessaire. S’il en était autrement, Il ne viendrait pas comme celui sur lequel nous devons nous décharger de tous nos soucis (1 Pierre 5, 7). Il les augmenterait au contraire comme cela est arrivé à Marthe. Là où notre service précède tout le reste, la vie s’alourdit et s’émaille de soucis précisément à cause de sa venue. Voilà pourquoi, à la place même de cette paix qu’il apporte, surgit l’accusation mutuelle. Là où la grâce devrait surabonder, le jugement intervient.

Le récit ne dépeint donc pas deux natures différentes : celle de Marthe et celle de Marie. Il ne sous-entend qu’un caractère silencieux et contemplatif plaise davantage à Dieu qu’une nature active et dynamique ; il ne préconise la « vita contemplativa » pour mépriser la « vita activa ». Il ne présente pas une Marie silencieuse et une Marthe bruyante ; il veut montrer qu’à l’entrée de Jésus dans la maison, c’est Marie et non Marthe qui agit de façon opportune. Marthe aurait dû suivre d’abord l’exemple de Marie pour servir ensuite le Maître avec sa sœur de façon bonne et active. Jésus n’accepte, en effet, qu’un seul service : celui qui ne vient et ne vit que de la félicité saisie dans sa Parole (11, 28). L’ordre sévère de Jésus plaçant l’écoute avant l’action (8,21) correspond à la préséance de la grâce sur les œuvres (Eph 2, 8 s.) et du Maître sur le disciple.

d’après H. Gollwitzer La joie de Dieu,Commentaire de l’évangile de Luc, p.120-121


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