L’Evangile du dimanche 3 juin 2007 - "l’Esprit de vérité, il vous conduira..."

Dernière modification écrite le vendredi 4 avril 2008

Jean 16, 12-15

J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les comprendre maintenant. Quand il sera venu, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité ; car ses paroles ne viendront pas de lui-même, mais il parlera de tout ce qu’il aura entendu et vous annoncera les choses à venir. Lui me glorifiera, parce qu’il prendra de ce qui est à moi et vous l’annoncera. Tout ce que le Père a, est à moi ; c’est pourquoi j’ai dit qu’il prendra de ce qui est à moi, et vous l’annoncera.

Ce texte est depuis longtemps l’objet d’une compréhension abusive. On lui a fait (et lui fait encore) subir un élargissement, sinon un écartèlement tel qu’il signifierait, qu’après qu’il y a eu un Temps du Père, puis un Temps du Fils, va venir le troisième Temps d’une Révélation supplémentaire, celui (et celle) du Saint-Esprit.

Avant donc du v. 12, selon lequel, apparemment, Jésus aurait eu encore beaucoup de choses nouvelles à nous dire, il faut relire 15,15 : « tout ce que j’ai appris de mon Père, je vous l’ai fait connaître ». Il faut rapprocher ces deux textes : « J’aurais aimé rester encore avec vous pour vous dire et redire tout ce que je vous ai déjà dit, mais : a) l’heure est venue... il faut vous quitter, b) vous ne pouvez pas encore « supporter » le plein sens de ces paroles : par exemple et surtout ce qui, dans tous mes « discours », prépare et annonce ma croix qui est ma vraie gloire ».

La suite de l’histoire de l’Eglise démontre que les préoccupations de Jésus semblent justifiées : l’Eglise a rarement mis la gloire du Christ dans la seule Croix. Elle a souvent préférée des systèmes contraignants ou éblouissants de logique à une théologie de « l’absurdité de la Croix » (1 Corinthiens 1 et 2).

Jésus donnera la clef pour ses discours que sur le Golgotha... Il promet en conséquence d’envoyer Celui qui ramassera cette clef pour ses disciples ; Il envoiera Celui qui la redira, la relira. Et c’est ainsi qu’il les guidera dans la vérité tout entière » (v. 13). « Mais celui-là (l’Esprit) ne peut rien dire de lui-même ni sur lui-même. Il ne peut que répéter ce qu’il a vu et entendu de moi et sur moi ». L’Esprit (le Consolateur) se veut uniquement témoin du Christ-incarné-mort-et-glorieux (v. 14). Il n’y a pas une troisième révélation, pas plus d’ailleurs qu’il n’y en avait eu deux. Il n’y en a qu’une seule. La vérité tout entière dans laquelle l’Esprit conduira est la plénitude du mystère de cette révélation : c’est la Seigneurie du Christ Sauveur, que le Père a établi « au-dessus de tout nom qui puisse être nommé » (Ephésiens 1,20-23 ; cf. Philippiens 2,9-11) et que célèbre le cantique de Colossiens 1,15-20. Il ne s’agit pas de « vérités » multiples auxquelles l’Esprit conduirait progressivement. Ce passage ne signifie non plus que l’Esprit garantira les formulations dogmatiques de l’Église. Ce qui est visé, c’est la vérité une et totale du Christ glorifié en Dieu et se communiquant comme tel aux siens. L’Esprit n’entend qu’être le témoin du Christ, et nous rappeler que c’est ainsi qu’il est notre protecteur, notre consolateur... C’est ainsi qu’il nous fait pénétrer, non pas dans une connaissance supplémentaire de Dieu ou du Christ, mais dans une meilleure connaissance.

Sources : Xavier LEON-DUFOUR, Lecture de l’évangile selon Jean, tome II, Seuil, 1993 (p. 230-236). Alphonse MAILLOT, Notes homilétiques sur les trois lectures dominicales pour les dimanches et fêtes de l’année C, Mission Intérieure de l’Eglise Evangélique Luthérienne, 1991 (p. 160-161).


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