L’Evangile du dimanche 13 mai 2007 -" Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole"

Dernière modification écrite le vendredi 4 avril 2008

Jean 14, 23-29

Jésus lui répondit : Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera ; nous viendrons vers lui et nous ferons notre demeure chez lui. Celui qui ne m’aime pas, ne garde pas mes paroles. Et la parole que vous entendez n’est pas de moi, mais du Père qui m’a envoyé. Je vous ai parlé de cela pendant que je demeure auprès de vous. Mais le Consolateur, le Saint-Esprit que le Père enverra en mon nom, c’est lui qui vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout ce que moi je vous ai dit. Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Moi, je ne vous donne pas comme le monde donne. Que votre coeur ne se trouble pas et ne s’alarme pas. Vous avez entendu que je vous ai dit : Je m’en vais et je reviendrai vers vous. Si vous m’aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je vais vers le Père, car le Père est plus grand que moi. Je vous ai dit ces choses maintenant, avant qu’elles n’arrivent, afin que, lorsqu’elles arriveront, vous croyiez.

Pour bien saisir ce passage, trop souvent isolé de son contexte, il faut remonter au moins au v. 21.

En ce v. 21, Jésus a d’abord dit qu’il fallait posséder (au sens fort) ses commandements, et les garder, pour parvenir à l’aimer Lui et a fortiori à le comprendre et à le voir dans sa pleine vérité. Seul l’amour ouvre à l’amour (pour aimer, il faut d’abord... aimer...). Il faut vraiment s’en remettre à Celui qui accepte miséricordieusement de considérer notre grande amitié comme les prémices d’un véritable amour, pour consentir à prolonger ces travaux...

Mais il est clair que, si l’amour seul sait reconnaître vraiment l’amour, celui-ci, dans le christianisme, est la seule voie de reconnaissance véritable. Pas question d’emprunter une autre voie pour parvenir, par exemple, à une connaissance dite « objective » de Jésus. On ne peut pas le connaître vraiment sans l’aimer, ni l’aimer sans avoir appris à le connaître... Et Jésus, dans ce cas, non seulement aimera celui qui a possédé et farouchement gardé son commandement, mais il lui « apparaîtra » (v. 21). Il lui donnera ces fameux « yeux du cœur » qui sont seuls à bien le voir.

Il faut l’admettre que (au moins en apparence) l’Eglise n’a pas été très longtemps ce lieu de l’amour réciproque ; et donc, il faut bien en arriver là ; n’étant plus, sinon rarement, ce lieu de l’amour réciproque, elle n’a pas pu vraiment être ce lieu de connaissance vraie du Christ et de Dieu par la même occasion... Songez seulement à toutes ces factions et ces fractions de l’Eglise qui se prétendent seules propriétaires de la vraie connaissance de Dieu !

C’est l’apôtre Paul qui déclare (Romains 8/39) que rien ne pourra jamais nous séparer de l’Amour de Dieu (et précisément) celui qui est en Christ. Rien, pas même moi, pas même mon manque d’amour ! Ni même l’Eglise qui a oublié d’aimer !

Or, si on en revient à Jean (v. 23), Jésus paraît y durcir encore le dilemme : « Celui qui m’aime, gardera ma parole (et non plus pourtant mon commandement, ce pourrait donc être la-parole-qui-pardonne), et mon Père l’aimera... Nous viendrons chez lui et nous y ferons notre domicile ». Mais Jésus enchaîne : « Celui qui ne m’aime pas, ne garde pas ma parole », etc... (v. 24).

On peut alors vraiment se décourager et se laisser aller... s’il n’y avait la suite : « C’est ce que je vous dis maintenant (v. 25) ; mais pour plus tard, quand vous allez être déchirés entre ce que je vous ai dit et ce que vous allez voir et ressentir pour vous-mêmes ; ne craignez pas, le Père va vous envoyer le Paraclet = Celui qui exhorte, qui console, qui réhabilite, qui défend, qui vous protège, même et peut-être surtout, de vous ! Même et surtout quand le désespoir de ne pas savoir aimer, vous guettera, retrouvez alors la paix. Il sera là, essentiellement pour vous rappeler tout ce que, moi Jésus, je vous ai dit, et en particulier ce que je vais vous dire (v. 27) : Je vous donne, abandonne et redonne la Paix, le Châlôm ; et moi, je ne vous la donne pas comme le monde la donne... c’est-à-dire je ne vous la donne pas sous conditions ni en retour d’un paiement quelconque, mais gratuitement, royalement, totalement, sans contre-partie préliminaire ». « Alors que vos cœurs ne soient pas troublés, vous n’avez rien à craindre », et Jésus balaie en une phrase, non pas notre interrogation légitime, mais nos craintes, nos inhibitions, nos découragements, nos désespoirs. « Je vais partir afin de tout accomplir de ce qui est nécessaire pour que vous ayez la paix » (v. 28-29). On s’aperçoit, au v. 28 en particulier, que, chez Jean, il est parfois bien difficile de séparer nettement la foi-confiance en Christ de l’amour qu’on lui porte.

En tout cas, que tous sachent que Jésus leur donne pleinement et totalement la paix. Ils auront moins de peine à l’aimer et à aimer son commandement.

d’après : Alphonse MAILLOT, Notes homilétiques - Mission Intérieure de l’Eglise Evangélique Luthérienne, 1991 (p. 129-131).


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